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Trois questions sur le nouveau centre d'accueil pour migrants à Paris

Le nouveau centre humanitaire de la Chapelle, voulu par Anne Hidalgo, est conçu comme une réponse aux campements installés sur les trottoirs parisiens. 

Article rédigé par franceinfo
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Des bénévoles d'Emmaüs Solidarité devant le nouveau centre d'accueil pour migrants de Paris, boulevard Ney, le 8 novembre.  (CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / POOL)

Le premier centre d'accueil pour migrants de Paris, créé à l'initiative d'Anne Hidalgo, a ouvert ses portes jeudi 10 novembre, près de la porte de la Chapelle, dans le 18e arrondissement. Le second, pour les femmes et les enfants, devrait ouvrir avant Noël à Ivry-sur-Seine, dans le sud-est de la capitale.

Le centre doit permettre d'accueillir, pendant une semaine environ, les migrants qui arrivent dans la capitale, de leur offrir des renseignements et un premier accompagnement dans leur parcours d'asile. Trois questions pour comprendre comment fonctionne ce dispositif novateur.

Que vont faire les migrants dans ce camp ?  

Les migrants, des hommes seuls, seront hébergés dans la "halle" du centre pour 5 à 10 jours, le temps de se reposer et de prendre des renseignements pour s'orienter. Priorité est donnée aux primo-arrivants. Il fonctionnera avec 120 salariés et des intervenants permanents ou occasionnels.

Un accueil de jour, installé dans une bulle gonflable de 1 000 m², proposera une pré-évaluation par les travailleurs sociaux d'Emmaüs Solidarité et de l'Ofii (Office français d'immigration et d'intégration).

Le camp, visité par franceinfo, comprend un centre de santé constitué d'infirmiers et d'un psychologue. Une buanderie sera également mise à disposition.

Il y aura également des espaces, dans lesquels les associations vont venir dispenser différents types d’activités. Il ne s’agit pas seulement de pouvoir dormir au chaud, mais aussi de se reconnecter

Julien Beller, architecte du camp

à franceinfo

Où iront les migrants après dix jours ? 

La mairie de Paris a insisté sur ce point : le campement n'a pas vocation à devenir un centre d'hébergement de moyen terme. 

Passé dix jours, les migrants sont pris en charge par l'Etat et normalement "mis à l'abri" dans des centres d'hébergement plus durables, CAO (Centre d'accueil et d'orientation) ou, pour les demandeurs d'asile, Cada. Encore faut-il que les places soient assez nombreuses. 

En septembre dernier, l'Etat promettait d'ouvrir des Cada et des CAO en nombre pour éviter l'embolie du camp. Au total, 140 CAO ont déjà été créés dans 80 départements, pour accueillir les quelque 9 000 migrants de l'ex-"jungle" de Calais.

Mais à la fin de l’année, la France devrait compter moins de 40 000 places en Centre d’accueil pour demandeurs d’asile (Cada), alors qu’ils devraient être près de 100 000 à solliciter le statut de réfugiés en 2016.

Ceux qui n'auront pas de place seront envoyés dans des centres d'hébergement d'urgence. "A Paris, cela veut fréquemment dire hébergements insalubres, absence de suivi social, juridique et sanitaire, pas de nourriture, pas de transport", écrit Florence Roy, du collectif La Chapelle en lutte. 

Le camp sera-t-il assez grand pour absorber les "campements sauvages" parisiens ?

La crainte, c'est que, pour beaucoup, il y ait un retour plus ou moins rapide à la case départ : une tente sur un trottoir. Ce centre a été conçu pour remplacer les campements "sauvages", ces tentes de fortune qui se sont installées un peu partout dans Paris à partir de l'été 2015 et particulièrement dans le quartier de la Chapelle. Mais les associations doutent que la capacité du centre, de 400 places (600 d'ici la fin de l'année), soit suffisante. 

Le nombre de places disponibles chaque jour variera de 40 à 80 lits. Quand les flux de réfugiés ne cessent d'augmenter dans la capitale, avec 80 à 100 nouveaux arrivants par jour en ce moment, Paris étant devenu le principal point d'attraction depuis la destruction du bidonville de Calais.

Les autorités ont anticipé la surchauffe du centre : le démantèlement du bidonville de Stalingrad avec "mise à l'abri" de ses 3000 à 3500 migrants avait aussi pour objectif de vider Paris de son principal camp avant ouverture, d'après Libération. Mais ce "mini-Sangatte" risque de se reformer bien vite. Et la file d'attente devant le centre, de s'allonger.

Le Gisti, Groupe d'information et de soutien aux immigrés, se demande ainsi dans un communiqué publié le 28 octobre "comment éviter la reconstitution de campements de personnes qui n’auront pas pu être admises dans la halle ni se voir offrir une solution d’hébergement ?" 

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