: Vidéo Manque d'efficacité, lacunes dans son organisation… Frontex, l'agence européenne de surveillance des frontières, est dans la tourmente
Depuis la crise des migrants de 2015, l'Europe a décidé de se claquemurer. Et pour défendre ses frontières extérieures, elle mise sur Frontex. Avec un budget en hausse exponentielle, un nouvel uniforme pour ses gardes-côtes et gardes-frontières, l'ouverture d'une école (où "Complément d'enquête" a pu filmer quelques cours)... l'agence est pourtant en pleine tempête : son efficacité et certaines de ses pratiques font polémique.
Depuis ce que l'on a appelé la "crise des migrants", l'afflux de réfugiés syriens fuyant leur pays en pleine guerre, la solution de l'Europe pour surveiller ses frontières s'appelle, plus que jamais, Frontex. C'est le nom de l'agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes, créée en 2004. Ses missions : patrouilles, sauvetages en mer, contrôles de documents... Le principe de son fonctionnement : chaque pays de l'Union européenne détache des policiers pendant quelques mois pour surveiller les frontières des pays membres qui en font la demande.
Accusations de complicité dans des "pushback", une pratique illégale
Pour rendre infranchissables les frontières extérieures de l'Union européenne, les Vingt-sept vont bientôt investir 23 millions d'euros. Frontex devrait voir son budget exploser : de 544 millions d'euros en 2021, il devrait atteindre 900 millions en 2027. L'agence va pouvoir embaucher... 10 000 fonctionnaires d'ici à cinq ans. Pour endosser le nouvel uniforme bleu, il leur faudra suivre six mois de formation.
"Complément d'enquête" a pu filmer des cours à Avila, en Espagne, où l'école de police locale partage désormais ses locaux avec les élèves de Frontex. Ce jour-là, c'est un cours de droit européen. Le droit fondamental à demander l'asile de tout nouvel arrivant sur le territoire européen y est rappelé, mais l'agence est accusée d'enfreindre la loi en assistant sans intervenir à des "pushback", ces refoulements illégaux de migrants avant qu'ils n'aient pu faire leur demande d'asile.
Manque de transparence, agents pas toujours déployés aux bons endroits…
Frontex est aussi dans le viseur de la Cour des comptes européenne, qui a décortiqué son budget et ses activités. Selon ses conclusions, Frontex ne serait "pas assez efficace" et souffrirait de "lacunes" dans son organisation : par exemple, trop d'agents à certains endroits, donc des effectifs sous-exploités, un nombre insuffisant ailleurs... Le responsable du rapport, Leo Brincat, pointe "un décalage total entre les besoins et la réalité, ce qui montre que le déploiement des agents n'avait pas bien été pensé".
Face aux accusations de la Cour des comptes, Frontex assure travailler aux améliorations nécessaires. Son directeur, Fabrice Leggeri, n'a pas résisté à la pression liée aux manquements de son agence : il vient de démissionner. De son côté, il y a quelques mois, le Parlement européen a décidé de sévir, en gelant provisoirement une partie du budget de l'agence.
Extrait de "Frontières : des milliards, des ratés et des barbelés", un document à voir dans "Complément d'enquête" le 12 mai 1022.
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