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Vidéo "Qui mieux que moi peut le comprendre ?" : une rescapée d'Auschwitz voyant un migrant dormir dans un parc

Publié Mis à jour
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Article rédigé par France 2
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Frania, 92 ans, se souvient de son retour des camps de la mort en 1945. Refusant de revenir en Pologne, son pays natal, elle débarque en France et connaît à Paris la solitude et l’errance dans les rues. La déportée est soudain touchée de voir un homme allongé sur l’herbe d’un jardin parisien… Extrait du magazine "13h15 le dimanche" du 1er juillet.

Frania Eisenbach Haverland est née en Pologne il y a quatre-vingt-douze ans. Rescapée de la Shoa, elle n’avait jamais voulu revoir son pays natal avant d’y consentir accompagnée de sa petite-fille en mai 2018 (voir le replay du magazine "13h15 le dimanche") : 90% des juifs polonais ont été exterminés pendant la Seconde Guerre mondiale, parmi lesquels soixante membres de sa famille.

Chaque survie est une somme de hasards ou de miracles, chaque libération une épopée différente. Frania est libérée près de Prague. Après avoir survécu à l’enfer des camps nazis, elle rejoint la France en 1945 à bord d’un avion militaire et découvre un pays qui lui est totalement inconnu. Trois jours passés à l’hôtel Lutetia à Paris, où reviennent tous les déportés, et voilà la jeune fille seule dans la capitale libérée depuis déjà dix mois.

"J’étais dans la même situation"

"Je voyais des personnes âgées, des bébés, je n’en avais pas vus depuis six ans, des femmes chapeautées, les gens étaient souriants… Je me suis dit qu’ici il n’y a pas eu de guerre, se souvient la survivante des camps d’extermination. Et je ne savais pas quoi faire de moi. J’ai erré dans les rues de Paris, ne sachant pas où j’étais. Je ne savais pas ce qu’était le métro. J’ai vu des gens descendre les escaliers et je les ai pris par curiosité. J’ai voyagé jusqu’au terminus, et puis dans l’autre sens. J’ai passé toute une journée comme ça dans le métro à observer les gens."

"Il a l’air d’avoir froid, dit l’arrière-grand-mère en découvrant un homme allongé sous une couverture de survie sur la pelouse d’un parc, au pied d’un arbre. J’étais dans la même situation. Je dormais sur un banc. Je ramassais des bouts de pain dans le bac à sable où jouaient les enfants. Je les mettais dans mon soutien-gorge. C’était un progrès pour moi d’avoir un soutien-gorge car on n’en avait pas dans les camps. Je me demande, quand il va faire frais la nuit… cette couverture n’est pas suffisante. Qui mieux que moi peut le comprendre ? On ne peut pas imaginer ces moments où on ne sait pas quoi faire de sa personne, et, qu’après les camps de concentration, il faut encore vivre ça…"

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