Opération transparence à la cour d'Espagne
Alors qu'un de ses gendres est accusé de corruption, le souverain Juan Carlos d'Espagne a décidé de publier les comptes de la maison royale.
Alors que son gendre pourrait avoir à rendre des comptes à la justice, le roi publie les siens. En véritable opération reconquête, la cour d'Espagne a, mercredi 28 décembre 2011, publié pour la toute première fois en trente-deux ans, le détail de ses comptes. Retour sur le scandale qui secoue la monarchie ibérique.
Etape 1 : Inaki Urdangarin, gendre du roi, accusé de corruption
Ancien champion de handball et marié à l'infante Cristina, la cadette du roi Juan Carlos et de la reine Sofia, Inaki Urdangarin est cité dans une enquête pour corruption. Il aurait détourné 16 millions d'euros de fonds publics alors qu'il présidait Noos, une société de mécénat, entre 2004 et 2006.
Une enquête judiciaire est ouverte pour malversations, faux et usage de faux, fraude à l'administration et prévarication. En cause notamment, 2,3 millions d'euros versés par le gouvernement des Baléares à l'institut pour l'organisation du forum des îles Baléares, un rendez-vous dédié au tourisme et au sport. Une somme "totalement disproportionnée", selon un juge anti-corruption.
Selon ce juge, cité par El Pais (lien en espagnol) l'argent versé servait ensuite à monnayer "des prestations fictives de sociétés appartenant à Inaki Urdangarin et son associé Diego Torres".
Dernier scandale, révélé par le quotidien El Mundo (lien en espagnol) le 13 décembre 2011, le "gendrissime", comme il est surnommé, aurait utilisé une fondation en faveur d'enfants handicapés pour placer, dans un paradis fiscal, une partie de l'argent détourné.
Etape 2 : le gendre idéal exclu des activités officielles de la famille royale
Alors que le scandale prend de l'ampleur, le 12 décembre 2011, Inaki Urdangarin annonce la nomination d'un avocat et se fend d'un message d'excuses. Il y exprime sa "tristesse", et déplore les atteintes portées à l'image de la famille royale.
Insuffisant. Quelques heures plus tard, le roi exclut Urdangarin des activités officielles de la famille royale. Son comportement n'est pas jugé assez "exemplaire", même si la famille demande le respect de la présomption d'innocence par la voix de son porte-parole, Rafael Sporttorno.
Le duc de Palma "se réfugie dans son rôle de père", raconte alors le Yahoo news espagnol à grand renforts de diaporamas.
Etape 3 : le roi joue son joker
De son côté, le roi tente d'endiguer le scandale alors que 13 % des Espagnols assurent que leur opinion de la Couronne "a empiré" ces derniers temps. Lors de ses voeux de Noël, il appelle à "ne pas généraliser les comportements" et s'inquiète que la méfiance des citoyens mette à mal "la crédibilité et le prestige" des institutions espagnoles.
Il promet aussi que les comptes de la famille royale seront publiés tous les ans. C'est chose faite (lien en espagnol). Pour la première fois depuis 1979 et le début de la monarchie constitutionnelle, on sait comment est répartie l'enveloppe royale, qui s'élevait à 8,434 millions d'euros en 2011. Et dont la Constitution espagnole stipule que le roi peut "distribuer librement".
Le monarque reçoit donc un salaire brut de 292 752 euros annuels, répartis entre un traitement de 140 519 euros et des frais de représentation qui s'élèvent à 152 233 euros. Son fils en perçoit la moitié, soit 70 260 euros en salaire et 76 117 euros en frais de représentation.
Des émoluments réduits de 15 % en 2010, puis gelés cette année, dixit un responsable de la Maison royale.La reine, l'épouse de Felipe, Letizia, et les infantes Elena et Cristina reçoivent uniquement des "frais de représentation". "Tous les membres de la famille royale sont assujettis au paiement de tous les impôts", affirme la maison royale.
L'analyse et les commentaires de Stéphane Bern :
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