Polémique autour d'un film de propagande contre le Coran
Si l'on n'en jugeait que par sa valeur, “Fitna” devrait rejoindre aux oubliettes la longue liste des “navets” qui n'accèdent même pas au statut de film. Les musulmans des Pays-Bas ne s'y sont d'ailleurs pas trompé en décidant de traiter par le mépris la mise en ligne hier sur internet de ce montage signé du député néerlandais d'extrème-droite Geert Wilders. Le parlementaire, dont le parti PVV (parti de la liberté) compte 9 députés sur 150, reprend la ritournelle de l'extrème-droite néerlandaise. Il affirme que le Coran est un livre “fasciste” et demande son interdiction, en donnant dans l'amalgame entre Islam et terrorisme.
Ce montage de 17 minutes est en fait loin d'être le brûlot annoncé par son auteur : “le film de Wilders va beaucoup moins loin que ce que beaucoup redoutaient: il ne déchire pas de pages du Coran et le livre saint n'est pas brûlé”, se rassure le quotidien de gauche De Volkskrant. L'ensemble de la presse néerlandaise est à l'unisson. La communauté musulmane des Pays-Bas n'a pas réagi, et plusieurs organisations musulmanes ont lancé des appels au calme. Une association a tout de même déposé un référé devant un tribunal, qui doit l'examiner ce matin. Parallèlement, l'un des auteurs danois d'une des caricatures de Mahomet qui avaient provoqué une crise internationale début 2006, a porté plainte contre Geert Wilders, qui reprend son dessin dans ses images. “Victime collatérale” du film de Geert Wilders, le chercheur français Gilles Kepel, spécialiste reconnu de l'Islam, et auteur d'un livre également titré “Fitna” a parfois été assimilé au député néerlandais.
Le gouvernement néerlandais craignait que la vidéo ne provoque une crise du même type que celle des caricatures et des troubles comme ceux qui ont conduit à l'assassinat du cinéaste Théo Van Gogh en 2004. Des manifestations hostiles ont eu lieu à Kaboul, en Afghanistan. L'Iran et l'Egypte ont menacé les Pays-Bas de boycott économique et des médias jordaniens, regroupés dans un collectif “Le message d'Allah nous unit”, veulent traîner Geert Wilder en justice dans leur pays.
Avant la diffusion de la vidéo, le gouvernement néerlandais avait relevé le niveau d'alerte terroriste.
Grégoire Lecalot, avec agences
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