Première tentative pour torpiller le procès de l'Angolagate
On attendait l'offensive du côté de la soixantaine d'avocats défendant les 42 prévenus, dont Charles Pasqua, ancien ministre de l'Intérieur, Jean-Christophe Mitterrand, fils aîné du défunt président, Jacques Attali, son ancien conseiller ou encore le romancier Paul-Loup Sulitzer, tous soupçonnés d'avoir touché des pots-de-vin.
Mais c'est la république d'Angola elle-même, défendue par Me Francis Teitgen, qui a déposé un recours à quelques heures de l'ouverture des débats.
_ Dans ce recours, l'Angola s'oppose à “la discussion publique, dans une enceinte de justice étrangère”, d'éléments relevant de “ses prérogatives de puissance publique touchant ses intérêts d'Etat et de défense nationale”.
“Nous demandons à ce que tous les documents versés au dossier en
violation de l'ordre public international ne soient pas débattus
publiquement”, a expliqué hors audience Me Teitgen, citant notamment les notes diplomatiques ou les contrats, sur lesquels s'appuie l'accusation.
Dans le prétoire, c'est Me Jean-Pierre Versini-Campinchi, défenseur de M. Mitterrand, qui a ouvert le bal en demandant l'annulation de la procédure parce que le juge d'instruction, Philippe Courroye, a signé l'ordonnance de renvoi alors qu'il était déjà nommé procureur à Nanterre.
_ D'autres arguments devaient suivre, à commencer par celui voulant que ce procès n'ait pas lieu d'être puisque les armes incriminées venaient de l'ancien bloc communiste, sans transiter par la France, et que leur vente n'avait donc pas besoin du feu vert de Paris.
Cette avalanche d'attaques n'est pas passée inaperçue du président du tribunal correctionnel de Paris, Jean-Baptiste Parlos. “Si le procès se poursuit ...”, finit-il par lancer, provoquant un brouhaha. “Et bien oui, explique-t-il, le tribunal est saisi d'un certain nombre de procédures et je ne peux pas préjuger de ce qui va se passer”.
Mais le procès a tout de même suivi son cours. Arrivés sous les flashes des photographes, dans une bousculade digne du festival de Cannes, les prévenus ont décliné leur identité et leurs revenus.
Les bras croisés, Falcone a écouté durant une demi-heure les faits qui lui sont reprochés: avoir organisé ce “trafic d'armes” vers l'Angola de 1993 à 1998. Son ancien associé, Arcadi Gaydamak, est resté en Israël où il vit désormais, mais son avocat a assuré qu'il viendrait s'expliquer, “peut-être en novembre”. Ce serait la première fois que la justice française l'entendrait.
Incarcéré pour des affaires de fraude, Jean-Charles Marchiani a comparu entre deux gendarmes, mais il a expliqué qu'il avait demandé
une libération conditionnelle.
Jean-Christophe Mitterrand s'est dit “sans revenu”, vivant chez sa mère, tandis que Charles Pasqua n'a admis pour tout patrimoine immobilier qu'“un terrain indivis dans la montagne corse”.
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