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Référendum en Ecosse : "Si le oui l'emporte, je m'en vais"

Les Ecossais sont appelés aux urnes, jeudi, pour se prononcer sur l'indépendance de leur nation. A la frontière avec l'Angleterre, les habitants expriment leur inquiétude.

Article rédigé par Yann Thompson - A Coldstream et Birgham (Ecosse),
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Le militant conservateur John Greenwell participe à un stand pour le "non" à l'indépendance de l'Ecosse, à Coldstream (sud de l'Ecosse), le 16 septembre 2014. (YANN THOMPSON / FRANCETV INFO)

"Surtout, ne relâchez pas la pression." Une habitante traverse la rue principale pour encourager et remercier la poignée de militants du stand "No thanks", mardi 16 septembre, à Coldstream (Royaume-Uni). Séparé de l'Angleterre par un simple pont au-dessus de la rivière Tweed, ce village écossais a perdu en sérénité, ces derniers mois. Le référendum sur l'indépendance de l'Ecosse anime les discussions au pub, au supermarché, chez le coiffeur, et la perspective d'une sortie du Royaume-Uni angoisse beaucoup d'habitants, comme dans tout le sud de l'Ecosse.

"On s'attend à ce que plus de 70% des électeurs de la région des Borders [voisine de l'Angleterre] votent 'non' à l'indépendance, livre John Lamont, 38 ans, député conservateur au Parlement écossais et habitant de Coldstream. Pour nous, la frontière est un concept artificiel. On ne veut pas se retrouver avec des postes-frontières, alors que nos familles, nos amis ou nos emplois sont de l'autre côté."

"J'ai prêté allégeance au Royaume-Uni"

Pour John Greenwell, 66 ans, venu prêter main forte sur le stand, le maintien dans le Royaume-Uni est aussi une question de symbole et de sécurité. "J'ai servi dans les forces de Sa Majesté pendant 32 ans, j'ai donc prêté allégeance à la reine et au Royaume-Uni, souligne cet ancien soldat en tank, aujourd'hui élu local conservateur. Si on devient indépendant, on perdra l'armée britannique, on se retrouvera presque avec des majorettes, et on ne pourra plus compter sur le MI5 ni sur le MI6 [les services de renseignement britanniques]. N'importe qui pourra entrer en Ecosse sans être inquiété, cela me fait peur."

Bill Scott (G) et Marcus Baxter (C), militants pour le maintien de l'Ecosse dans le Royaume-Uni, rencontrent Elizabeth Playfair (D), une habitante de Birgham (Ecosse), le 16 septembre 2014. (YANN THOMPSON / FRANCETV INFO)

Même en terrain conquis, la mobilisation pour le "non" se poursuit, à la recherche du moindre électeur indécis ou fainéant. Lui aussi retraité des forces armées britanniques, Bill Scott, 65 ans, prend la tête d'une équipe de porte-à-porte, flanqué de deux jeunes sympathisants de 18 ans, qui s'apprêtent à voter pour la première fois. Direction le village voisin de Birgham, qui sent bon les fleurs et l'herbe tondue.

Toc toc toc. "Bonjour, je m'appelle Scott Hamilton et je fais partie de la campagne Better Together. J'espère que je peux compter sur votre vote, jeudi ?" Presque toutes les réponses sont positives dans ces chics cottages, dont nombre d'habitants sont des agriculteurs à la retraite.

"Je partirai pour sauver ma retraite"

Interrompant la cuisson d'une soupe ou d'un poulet aux olives pour répondre aux militants, des dames jugent "consternant" et "irresponsable" que certains souhaitent l'indépendance. Le camp du "oui" y va "au petit bonheur la chance", sans arguments solides, estiment-elles. Plus loin, deux hommes, dont un Anglais, iront voter "non", jeudi dans la matinée, avant de se rendre à des rendez-vous de travail ou de dentiste... en Angleterre.

Bill Scott fait le tour des soutiens au camp du "non" à l'indépendance de l'Ecosse, le 16 septembre 2014, à Birgham (Ecosse). (YANN THOMPSON / FRANCETV INFO)

Le porte-à-porte suit une liste d'adresses envoyée directement par le siège du Parti conservateur. "Il s'agit de personnes dont on sait, grâce à de précédents porte-à-porte, qu'elles voteront 'non' ou qu'elles sont indécises, explique Bill Scott. L'objectif aujourd'hui n'est plus de faire changer d'avis les partisans du 'oui', mais de s'assurer que nos électeurs iront bien voter."

Pendant trente ans, Bill Scott a servi en Irlande du Nord, sa terre natale, dans l'armée loyaliste face aux "terroristes" nationalistes. Il s'est installé en Ecosse il y a 14 ans, parce qu'il craignait pour sa sécurité, étant "devenu, en tant que retraité, une cible facile". Aujourd'hui, s'il se sent bien en Ecosse, il affirme qu'il partira en cas de victoire du "oui". "Je m'en irai très vite, avant que ma retraite soit menacée", assure-t-il, en citant le nord de l'Angleterre comme probable destination. Et si le "non" l'emporte ? "Ce sera un soulagement."

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