Référendum en Grèce : ce que le "oui" ou le "non" peut changer
Dix millions de Grecs sont appelés aux urnes depuis 7h dimanche matin pour répondre à la question suivante : "Faut-il accepter le plan d’accord soumis par la Commission européenne, la Banque centrale européenne et le Fonds monétaire international ?" Un plan qui prévoit de nouvelles mesures d'austérité pour la Grèce, en échange d'une nouvelle aide financière.
Le scrutin s'annonce extrêmement serré et imprévisible. Gabriel Colletis, professeur à l’université de Toulouse et conseiller de Syriza, souligne notamment la confusion qui entoure la question posée. "Ceux qui vont voter "non" pensent que la Grèce doit rester dans la zone euro mais n’acceptent pas les mesures que les créanciers de la Grèce veulent lui imposer, mais ceux qui vont voter "oui" ne vont pas répondre à la question posée mais vont simplement répondre "oui" au maintien de la Grèce dans la zone euro. Donc il y a une très grande asymétrie entre le oui et le non et une très grande confusion ", analysait-il ce matin sur France info.
Le ministre des Finances prêt à démissionner en cas de victoire du "oui"
Pour le gouvernement emmené par la gauche radicale Syriza, qui a appelé à rejeter le plan de réformes voulu par les créanciers de la Grèce, l’issue du scrutin pourrait être lourde de conséquences.
Alexis Tsipras a renouvelé son appel à voter "non". "Demain, nous aurons ouvert une nouvelle voie pour tous les peuples d'Europe, une route qui ramène aux valeurs fondatrices de la démocratie et de la solidarité en Europe ", a-t-il déclaré après avoir glissé son bulletin dans l’urne dimanche matin à Athènes. Un "non", estime le jeune Premier ministre "enverra un message de détermination, non seulement pour rester en Europe mais pour vivre avec dignité en Europe ".
Mais si c’est le "oui" qui l’emporte, le désaveu serait criant pour le gouvernement. Le ministre grec des Finances Yanis Varoufakis a d’ores et déjà prévenu que dans un tel scénario, il démissionnerait.
Si le "non" gagne, il faudra reprendre des discussions (Emmanuel Macron)
Spiros Alexopoulos est un investisseur, responsable d'un cabinet de conseil financier à Athènes. Lui va voter "oui". Car selon lui, il faut accepter des mesures d'austérité supplémentaires pour éviter l'asphyxie financière de la Grèce et la sortie de la zone euro. "Je pense que si le "non" l'emporte, les conséquences économiques seront pires que si le "oui" gagne parce qu’en ce moment notre pays est vraiment très fragile ", explique-t-il, craignant que faute d’accord avec les créanciers, l’Etat ne soit plus en mesure de payer les retraites ni les salaires des fonctionnaires dans les prochains mois.
Mais le bras de fer qui se joue aujourd’hui ne se soldera probablemement pas ce soir par la victoire des uns ou la défaite des autres. En France, le ministre de l’économie Emmanuel Macron a jugé dimanche que "quelle que soit " l'issue du référendum en Grèce, les Européens devaient "reprendre des discussions politiques " avec Athènes. "Quel que soit le vote (en Grèce) nous devons dès demain reprendre des discussions politiques ", a dit le ministre de l'Economie lors d'un colloque économique à Aix-en Provence. "Même si le non grec devait l'emporter, notre responsabilité sera de ne pas faire le traité de Versailles de la zone euro", a ajouté Emmanuel Macron. "Il est évident que la réponse à un "non" grec ne peut pas être une sortie automatique de la zone euro ", a-t-il encore estimé.
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La BCE n’abandonnera pas la Grèce
La Banque centrale européenne, qui avait annoncé le maintien de l'aide d'urgence à la Grèce, assure dimanche qu'elle utilisera des moyens supplémentaires si nécessaire, a fait savoir l’institution dimanche. Une annonce surprenante intervenue lors de la dernière journée des rencontres économiques qui se tiennent à Aix-en-Provence.
La BCE doit refaire le point lundi matin sur sa ligne de liquidités d'urgence accordées aux banques grecques pour leur permettre de rester à flot, alors qu' Athènes doit déjà lui rembourser 3,5 milliards d'euros d'ici le 20 juillet prochain. Une échéance considérée par beaucoup comme le réel couperet pour la Grèce.
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