Salaires minimums en Europe : un maximum de disparités
Outre-Rhin, le SMIC est désormais fixé à 8,50 euros brut de l’heure, soit 1473 euros brut par mois. Il exclut certaines catégories d’actifs et ne sera généralisé qu’en 2017. Même s’il reste faible pour celui qui le touche, son montant en fait l’un des plus élevés de l’UE, comme le montre le tableau comparatif ci-dessous.
Luxembourg | 1874,19 euros (en brut) |
Belgique | 1501,82 |
Allemagne | 1473 (au 1-1-2015) (pour 40 heures) |
Pays-Bas | 1469,40 |
Irlande | 1461,85 |
France | 1457,52 (pour 35 heures) |
Royaume Uni | 1249,85 |
Slovénie | 783,66 |
Espagne | 752,85 |
Malte | 697,42 |
Grèce | 683,76 |
Portugal | 565,83 |
Pologne | 392,73 |
Croatie | 372,35 |
Slovaquie | 337,70 |
Hongrie | 335,27 |
Estonie | 320 |
République tchèque | 318,08 |
Lituanie | 289,62 |
Lettonie | 286,66 |
Bulgarie | 158,50 |
Roumanie | 157,50 |
(Année 2013, source Eurostat, à l’exception de la donnée sur l’Allemagne)
A noter que six pays manquent à l’appel : l’Autriche, Chypre, le Danemark, la Finlande, l’Italie, la Suède : ils n’ont pas instauré de SMIC.Le tableau illustre les disparités entre les pays membres : le salaire minimum luxembourgeois est ainsi près de 12 fois plus élevé que son homologue roumain ! Ces disparités sont géographiques : «Globalement, l'Europe de l'Ouest est en tête du classement (le Benelux, l'Allemagne, la France, rejoints par le Royaume-Uni et l'Irlande), suivie par les pays touchés par la crise de l'euro (Espagne, Portugal et Grèce). Les pays de l'Europe de l'Est ferment la marche avec des salaires minimum oscillant entre 390 et 170 euros», note le Journal du Dimanche.
Ces données traduisent évidemment les différences considérables de niveau de vie entre les premiers Etats membres de l’Union et ceux qui l’ont rejoint en 2004 après avoir vécu sous la tutelle soviétique pendant quatre décennies.
Problème : ces différences contribuent à favoriser le dumping social sur le Vieux continent. En 2013, Jean-Marc Ayrault, alors premier ministre, mettait ainsi en avant les «distorsions de concurrence» entre la France qui a institué un SMIC et l’Allemagne qui n’en avait pas encore. «Lorsqu'(en Allemagne, NDLR), on paye quatre euros un travailleur dans l'agriculture, comment voulez-vous que l'on s'aligne (en France)?», expliquait-il, jugeant nécessaire «de payer correctement les gens» et d'éviter «un salariat à deux vitesses». Il jugeait aussi qu’une telle question devait être posée «à l’échelle de l’Europe».
Aujourd’hui, ladite question semble faire consensus dans les rangs de la droite et de la gauche du Vieux continent. «Il faut un salaire minimum légal dans toute l’Union européenne», déclarait ainsi en 2014, pendant la campagne des élections au Parlement de Strasbourg, Jean-Claude Juncker, chef de file du PPE (droite) et devenu depuis président de la Commission de Bruxelles après avoir été premier ministre du Luxembourg. «Le salaire minimum au Luxembourg n’a pas engendré ni pauvreté de masse ni famine», constatait-il par ailleurs en dépit des réticences de ses partenaires de la CDU allemande…
Reste à savoir comment l’instaurer. Le candidat social-démocrate pour la présidence de la Commission, Martin Schulz, a proposé «un salaire minimum européen proportionnel au PIB de chaque pays», rappelle Le Monde. Mais divisés, les membres du groupe S&D (socialistes et démocrates) se sont mis d’accord sur un SMIC commun à toute l’UE «dont le montant serait au moins égal à 60 % du salaire médian de chaque pays». Pour l’instant, on en est là…
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