Trois mois après l’arrivée au pouvoir de Syriza, où en est la Grèce ?
Sans l'aide européenne, les caisses de la Grèce seront vides en juin prochain, mais les négociations entre Bruxelles et le nouveau gouvernement issu de la gauche radicale sont extrêmement tendues. Le Premier ministre Alexis Tsipras a été élu, le 25 janvier dernier, portant espoir d'une alternative aux politiques d’austérité menées depuis le début de la crise en 2010. Trois mois après l’arrivée au pouvoir du mouvement Siriza, qu’en est-il des promesses de campagne d’Alexis Tsipras sur la fiscalité, la lutte contre la pauvreté ou encore l’amélioration des services publics ?
L’impossible réforme fiscale
En Grèce, la fraude fiscale a été érigée en sport national, à tel point que ce sont de 20 à 40 milliards qui manqueraient chaque année dans les caisses de l’Etat. Le gouvernement Tsipras a promis une réforme en profondeur du système fiscal grec. Un système réputé corrompu, inefficace et inéquitable. D’ailleurs depuis le début de la crise en 2010, les impôts des grecs les plus modestes ont augmenté de 337 %.... contre une hausse de 9 % seulement pour les grecs les plus fortunés.
Le nouveau gouvernement a bien pris une mesure qui permet aux contribuables d’échelonner leurs paiements en 100 mensualités, mais les services fiscaux manquent toujours cruellement de moyens. Avant les mesures d'austérité, imposées par l’Union Européenne pour tenter de remettre la Grèce à flot, il y avait 14.000 fonctionnaires des impôts. Ils ne sont plus que 9.000, pour un pays de plus de 10 millions d'habitants. Quant aux puissants armateurs, quasiment exemptés d’impôts, la Constitution les protège contre toute modification de leur régime fiscal.
Malgré ces blocages, le gouvernement veut en finir avec l’impunité des oligarques grecs. Mercredi dernier, une information a fait l’effet d’un coup de tonnerre : l’arrestation de Leonidas Bobolas, le fils d’un des principaux oligarque du pays, accusé d'évasion fiscale à grande échelle, il aurait fait sortir 4 millions d'euros du pays.
La loi antipauvreté
Lutter contre la pauvreté, c’était une des principales promesses de campagne de Siriza. Et malgré les pressions européennes, le gouvernement d’Alexis Tsipras a bien fait adopter le 18 mars dernier, une loi antipauvreté, c’est le premier texte législatif de la nouvelle majorité parlementaire et c’est tout un symbole dans un pays où désormais un quart de la population vit en dessous du seuil de pauvreté (moins de 500 euros par mois en Grèce).
Cette loi prévoit le rétablissement de l’électricité aux 300.000 familles privées de courant pour impayés, la distribution de bons alimentaires et des aides aux logements. Cette loi antipauvreté est surtout une mesure d’urgence : elle vise les Grecs les plus démunis, ceux dont les revenus ne dépassent pas 2.400 euros par an et par personne.
La santé : vers une couverture médicale pour tous ?
En Grèce, perdre son emploi signifie perdre sa couverture santé. Avec un chômage à 26%, il y a aujourd’hui 3 millions de Grecs privés d’assurance maladie. C’est pour leur donner un accès aux soins, que le cardiologue Giorgio Vichas a créé en 2011 le dispensaire d’Ellinikon dans la banlieue d’Athènes. Infirmières, médecins, psychologues : tout le monde est bénévole.
La première année on recensait 4.000 visites dans ce dispensaire, il y en a aujourd’hui près de 40.000. Mais le docteur Vichas a bon espoir de voir ce nombre diminuer. Le gouvernement Tsipras prépare un décret qui offrira une couverture santé à tous les Grecs qui gagnent moins de 12.000 euros par an. "Cela va faire disparaître le concept même de non assurés ", explique le docteur Vichas. Mais cette mesure aura un prix : près de 500 millions d’euros. Elle est donc loin d’être pratiquement mise en œuvre, tout dépendra des négociations avec l’Union Européenne.
Paroles de Grecs
Grexit, sortie de la zone euro, faillitte, cette question plane sur toutes les conversations dans les rues d’Athènes. Armateur, femme de ménage, ministre du gouvernement Siriza : comment voit il l’avenir de leur pays trois après l’ arrivée de la gauche radicale au pouvoir ?
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