Victoire de Syriza : onde de choc politique et économique en Europe?
C'est la première fois dans l'histoire de la Grèce moderne qu'une majorité d'extrême gauche se dessine. Un vote qui traduit le rejet de la politique d'austérité imposée à la Grèce depuis quatre ans par ses créanciers et suscite l'espoir au sein de la gauche radicale européenne, tout particulièrement en Espagne ou émerge un nouveau parti anti-libéral.
Créé il y a à peine un an en dénonçant l'austérité et la corruption des élites, Podemos est au coude à coude avec les conservateurs dans les sondages. Le parti frère de Syriza est aux anges et se sent pousser des ailes à l’image de son leader charismatique Pablo Iglesias, qui s'est réjoui que les Grecs aient désormais "un véritable président et non plus un délégué d'Angela Merkel (la chancelière allemande)" . En France, le leader du parti de gauche Jean-Luc Mélenchon a évoqué "une lame de fond ", "une page nouvelle pour l'Europe ".
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Avec Alexis Tsipras, c'est aussi le cauchemar de l'Allemagne qui se précise avec la perspective d'un gouvernement grec opposé aux réformes et peut-être même prêt à quitter la zone euro pour changer le cours de la politique économique du pays. Selon Julian Rappold, de l'Institut allemand de politique étrangère, la victoire de Tsipras "mine la politique actuelle organisée sur des principes allemands " . "Le chemin présenté par Merkel comme sans alternative pourrait être remis en question ", poursuit l’analyste.
Guten Morgen! Die Griechen haben gewählt: Euro-Schreck Tsipras erlangt einen Erdrutschsieg! http://t.co/DI5misib7a pic.twitter.com/XJqcF6ZYYa
— BILD (@BILD) January 26, 2015
Le quotidien allemand Bild titrait dans son édition de lundi : "Peur sur l'euro, Tsipras triomphe".
La question de la dette grecque au centre des préoccupations de l'UE
Hasard du calendrier, une réunion de l’Eurogroupe se tient ce ce lundi après-midi à Bruxelles et la victoire se Syriza y sera évidemment le sujet central car les Européens semblent déjà tous résignés à devoir rouvrir des négociations avec la Grèce au sujet de sa dette.
Le président de la banque centrale allemande a affirmé dès hier soir que Syriza allait devoir mener des réformes et mettait le parti en garde contre la tentation de faire des "promesses illusoires " aux Grecs, rappelant qu’il y a déjà eu deux réductions de dette. Selon Jens Weidmann, une nouvelle réduction ne serait qu’un "répit temporaire " tant que les finances du pays ne sont pas durablement solides.
Mais même si à Bruxelles on affirme que les réformes engagées en Grèce en contrepartie des plans de sauvetage commencent à porter leurs fruits, on réalise pourtant qu’il sera difficile d’éviter une renégociation avec Athènes, ne serait-ce que pour éviter d’entrer dans une logique de confrontation.
De la difficulté à éviter le rapport de force
Mais la tâche s'annonce difficile. "La dette grecque est à un niveau insoutenable, plus de 175% de la richesse du pays ", souligne Yves Bertoncini,Directeur du think-tank "Notre Europe – Institut Jacques Delors. "Donc techniquement parlant, le fait qu’il faille à minima décaler les échéances de remboursement parait évident. Politiquement parlant, c’est plus délicat. Un rééchelonnement serait acceptable dans la plupart des pays. S’il s’agissait en revanche d’abandonner une partie des prêts, ce serait plus délicat ", poursuit-il.
La BCE a d'ores et déjà prévenu qu'une restructuration des titres de dette grecque en sa possession serait impossible. "Il est absolument clair que nous ne pouvons approuver aucune réduction de la dette qui toucherait les titres grecs détenus par la BCE. Cela est impossible pour des raisons juridiques ", a averti Benoît Coeuré, membre du directoirede la BCE, dans une interview au quotidien économique allemand Handelsblatt.
De son côté Alexis Tsipras s’est dit " prêt à coopérer et à négocier pour la première fois avec ses partenaires une solution juste, viable et qui bénéficie à tous ". Le nouvel homme fort de la Grèce qui est bien décidé à tourner la page de l'austérité.
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