Trois pays de l'est de l'Europe dans la tourmente de la crise
La Roumanie, présidée depuis par le libéral Traian Basescu, vient d’user deux premiers ministres en quelques mois: Emile Boc (centre-droit), puis Mihai Ungureanu (centre-droit). Le 24 avril 2012, le chef de l'Etat a appelé le président du Parti social-démocrate, le jeune Victor Ponta, 39 ans, un ancien juge anti-terroriste de talent, à la tête du gouvernement. Un événement, car il s’agit du premier retour de la gauche depuis la chute du dictateur communiste Nicolaï Ceaucescu en 1989.
L'arrivée d'un nouveau gouvernement est due à une motion de censure contre le précédent, une décision liée au fort mécontement de la population qui a commencé à manifester à la mi-janvier dans les grandes villes. Une habitude nouvelle pour elle. En cause, l’annonce de mesures drastiques voulues par le gouvernement : coupe de 25% dans les salaires des fonctionnaires, gel des allocations retraites et hausse de la TVA de 19 à 24%.
La situation s’est détériorée en Roumanie du fait d’un emprunt de 20 milliards d’euros contracté en 2009 auprès du FMI, de la Banque mondiale et de l'UE. En mars 2011, un deuxième emprunt de 5 milliards a paré aux premières difficultés.
La fin du communisme, en 1989, avait crée un climat d’euphorie en Roumanie. L'ère du crédit facile a permis à la population d’acheter des logements. Le ralentissement économique, venu d'Europe de l'Ouest, a fait éclater la bulle immobilière. Alors que la croissance était de 8% dans les années 2007/2008, elle devrait être de 1,5% à 2% en 2012.
Alors que le salaire moyen s’établit à 350 euros mensuel, 200.000 fonctionnaires ont été licenciés en deux ans.
Le FMI, toujours à la manoeuvre
Les classes moyennes et populaires estiment que les classes aisées devraient être mises davantage à contribution. Mais les manifestations ont peu d'écho face aux politiques d'ajustement du FMI qui ne remet pas en cause ses choix. Pour les bailleurs de fonds de Bucarest, les mesures prises commencent à porter leurs fruits. Le FMI émet même de nouvelles demandes. Il souhaite des coupes dans le système de santé alors que déja Bucarest doit pallier l'émigration des médecins qui quittent le pays pour travailler à l'ouest.
Quitter la Roumanie ou non, le dilemme des médecins roumains
AFP, le 13 décembre 2010
Après la prise de fonctions du nouveau gouvernement, appelé à durer jusqu'aux élections législatives de novembre, le FMI a arrêté les discussions d’évaluations sur l’accord de prêt de 2011 avec Bucarest. Bien que social-démocrate, Victor Ponta, le nouveau Premier ministre a promis d’appliquer les mesures fiscales prévues, notamment la hausse de la TVA.
Le type de réponse apportée à la crise «ne fait qu’accentuer la pauvreté», estime Mme Levasseur, économiste à l’observatoire français des conjonctures. En ce qui concerne la Roumanie, «le seul espoir d’amélioration est une reprise dans la zone euro qui permettrait un accroissement des exportations», observe-t-elle.
Prague connaît d'importantes manifestations
En République tchèque, le PIB qui était de 1,8% en 2011, devrait être de 0,7% cette année. Le taux de chômage atteint 6,8%. Le déficit budgétaire atteint 4,1% du PIB.
Le gouvernement de Petr Necas (coalition de droite libérale et de petits partis), entré en fonction le juillet 2010, s’est attelé à la rigueur budgétaire et la lutte anti-corruption. L’objectif du gouvernement est de ramener le déficit public à 3% en 2013 avec un retour à l’équilibre en 2016. La retraite va être réformée avec l'arrivée de fonds de pension privés alors que la TVA doit passer à 14% à partir de 2012, puis à 17,5% en 2013.
La société tchèque bouge. Le 21 avril 2012, la plus importante manifestation depuis 1989 a rassemblé plus de 120.000 personnes, sur la place Wenceslas, à Prague. Le mouvement qui a rassemblé de nombreuses franges de la population pourrait aller jusqu’à la grève générale.
La situation de la République Tchèque devrait s'améliorer à moyen terme. En effet, les fondements de l'économie sont bons. Les investissements étrangers sont toujours présents (4,97 milliards d'euros en 2010). Les infrastructures (transports....) sont développées et l'industrie conserve une part importante dans le PIB (36%). Ses entreprises électriques et électroniques obtiennent de grands contrats à l'exportation. L'opérateur électrique national CEZ a investi 1 milliard en Roumanie, en 2009, pour construire deux parcs éoliens et a des projets pour plusieurs réacteurs nucléaires dans le pays. L'accent est mis sur l'innovation, un domaine où de jeunes chefs d'entreprise sont actifs. Ainsi, Petr Kellner, se trouve à la tête d'un groupe d'investissement, PPF, adossé à Generali, qui est le premier en Europe centrale avec 11 milliards d'euros d'actifs.
Bratislava va taxer les riches
En Slovaquie, le chomâge a légèrement baissé en mars 2012 à 13, 69% après quatre mois de hausse. Les exportations ont, elles, progressé de à 8,7% en février 2012 après 8,3% en janvier. Mais les salaires sont très bas dans le pays, un des plus pauvres d'Europe, dirigé par le socialiste Roberto Fico.
La Slovaquie, qui dépend principalement de l'industrie automobile d'Europe occidentale et des exportations a bénéficié des primes à la casse créées dans plusieurs pays européens mais cette situation a cessé. Le nouveau cabinet a mis en place un programme d'investissement dans les infrastructures et propose la suppression de la "flat tax" (taxe unique de 19%), séduisante pour les milieux d'affaires. Le taux d'imposition des riches doit passer à 25%.
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