UE: l'Albanie attend sur le pas de la porte
L’Albanie frappe à la porte de l’UE… depuis cinq ans. Et s’il va à son terme, son processus d’adhésion risque d’être très long. Surtout que la Bosnie, le Kosovo, la Macédoine, le Monténégro et la Turquie sont eux aussi candidats. Laquelle Turquie négocie son entrée… depuis 2004.
Dans le même temps, plusieurs pays membres de l’UE ont d’ores et déjà exprimé leurs réticences sur les perspectives d’une adhésion de l’Albanie. En décembre 2013, le parlement néerlandais a voté une résolution hostile alors que l’unanimité est nécessaire au sein des 28 sur les questions liées à l’élargissement.
En acceptant sa candidature, Bruxelles entend encourager Tirana dans sa lutte pour l’établissement d’un Etat de droit. «Ce processus doit se poursuivre et un mécanisme de suivi est prévu», explique-t-on dans les instances européennes. Dans un rapport en date du 4 juin, la Commission de l'UE estime que les autorités ont mené des «actions concrètes» et fait preuve de «volonté politique renouvelée» en matière de réformes. Notamment pour combattre la corruption dans de nombreux services publics.
«La corruption est surtout une maladie due au manque de modernisation», commente le Premier ministre albanais, Edi Rama, dans Le Monde. Pour autant, ce phénomène est répandu «dans toutes les couches du pouvoir, parfois jusqu'au plus haut niveau», notait en 2007 un rapport du Sénat français.
Outre ce fléau, l’économie du pays souffre aussi des passe-droits. Autant de «pratiques profondément ancrées dans une société où les solidarités familiales, claniques et partisanes sont puissantes», commente le Monde. Une société où subsiste également des pratiques ancestrales comme la vendetta.
Une plaque tournante du trafic de drogue
Autre problème majeur : le crime organisé. L’Albanie est ainsi l’un des pays des Balkans considérés comme une plaque tournante pour le trafic des stupéfiants. Selon plusieurs rapports de différentes polices internationales, elle est devenue le principal fournisseur de marijuana en Europe. Le 20 juin, la police, appuyée par des véhicules blindés, a pris le contrôle du «royaume du cannabis», installé dans le village de Lazarat (sud de la capitale Tirana).
Le pays serait aussi «une véritable plate-forme de distribution pour l'héroïne», selon le document du Sénat. D'après des estimations, les trois-quarts de cette drogue, en provenance d'Afghanistan et en direction de l'Europe occidentale, passeraient entre les mains d'albanophones. Lesquels résident également au Kosovo, au Monténégro et en Macédoine.
L’Albanie est également touchée par le trafic d’être humains (migrants et prostituées). En mai, les autorités locales avaient annoncé avoir démantelé un réseau qui faisait passer des clandestins vers les Etats-Unis.
Ces différents trafics, auquel il faut apparemment aussi ajouter ceux des cigarettes et des armes, semblent être souvent placés sous la coupe d’une puissante et très violente mafia, qui se caractérise par sa structure clanique. Et est inspirée par l’ancien code d’honneur, le kanun, l’omerta et la vendetta. A titre d’exemple, cette mafia contrôlerait un tiers du marché européen des stupéfiants pour une valeur estimée en 2007 à deux milliards d’euros. Soit 15 % du PIB du pays ! A noter que par sa position géographique, l’Albanie est située entre l’Italie et la Turquie, pays où prospèrent deux puissantes mafias, comme le remarquait en 2007 Jean-Christophe Victor dans son émission «Le Dessous des cartes» sur Arte.
Dans ce contexte, on pourrait croire que la délinquance est omniprésente dans le pays même. Ce n’est pas forcément le cas. «La petite délinquance demeure moins élevée que dans la plupart des Etats occidentaux», constate ainsi le site du Quai d’Orsay.
«La mauvaise image qui colle à la peau de l’Albanie laisse supposer le pire», explique de son côté le site du Guide du Routard. «C’est justement cela qui rend la réalité d’autant plus agréable : pour le visiteur étranger, c’est un pays plutôt sûr et accueillant, où les vols sont peu fréquents. Les problèmes mafieux, indéniables, ne concernent pas les étrangers de passage, et les démêlés des vendettas non plus…», ajoute le fameux guide touristique.
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