Un des derniers criminels nazis jugé en Allemagne
La cour d'assises de Munich devra déterminer si John Ivan Demjanjuk (prononcer demianiuk) était bien garde dans le camp de Sobibor. Et quel fut son rôle dans la machine d'extermination.
Car John Demjanjuk a déjà été condamné à mort en Israël, pour avoir été gardien du camp de Treblinka sous le sobriquet d'Ivan le Terrible. Mais à cause de nombreux doutes sur son identité, il avait été finalement relâché. Il s'était alors exilé aux États-Unis, avant d'être expulsé en mai, en avion sanitaire. Il devrait d'ailleurs comparaitre en fauteuil roulant. Mais tant pis pour ses problèmes de santé : les justices américaine et allemande l'ont estimé absolument apte à être jugé.
Pas question de le voir aujourd'hui passer encore entre les mailles du filet. John Demjanjuk est le premier de la liste publiée par le Centre Simon
Wiesenthal de Jérusalem, spécialiste de la traque des criminels nazis.
_ Seulement, dans ce procès qui s'ouvre, une trentaine des rescapés de l'Holocauste ou de leurs descendants sont partie civile, mais aucun n'a vu Demjanjuk à Sobibor et les seuls témoignages directs sont des déclarations écrites de témoins aujourd'hui décédés.
Cependant, l'accusation affirme cette fois être sûre de son fait. Elle détient une carte d'identité établie par les SS au nom de Demjanjuk, faisant état de son transfert depuis Trawniki, où étaient formés des gardiens de camp de concentration, vers Sobibor.
_ L'homme jeune au visage rond sur la photo ressemble très fortement à l'accusé, mais ses avocats assurent que le document est un faux de l'époque soviétique. Des analyses officielles américaines confirment elles en revanche l'authenticité de ce papier.
Mais, outre son identité, quel fut son rôle exact dans la mort des 27.900 victimes de ce camp ? L'Allemagne n'a longtemps jugé que des officiers supérieurs et des dignitaires du régime nazi. Désormais, elle accepte de juger tous les SS susceptibles de pouvoir se présenter devant un tribunal. Encore faut-il démontrer leur participation.
_ L'accusation ici veut tenter de faire reconnaître sa culpabilité par cette association de faits : Demjanjuk a été garde durant près de six mois en 1943 à Sobibor - période pendant laquelle 27.900 juifs ont été gazés - il a donc participé à cette extermination.
Ce procès est donc un procès-clé. Parce qu'un des derniers. Des centaines de journalistes du monde entier espèrent pouvoir le couvrir. Mais la cour de Munich, compétente parce que l'accusé a vécu dans la région après la
guerre, n'est absolument pas taillée pour : sa salle d'audience ne peut accueillir qu'environ 150 personnes.
Cécile Quéguiner
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