Une militante russe des droits de l'Homme assassinée
Le corps de la militante des droits de l'Homme a été découvert cet après-midi avec deux blessures par balles à la tête, sur le bord d'une route, à proximité de Nazran, la principale ville d'Ingouchie, région voisine de la Tchétchénie. Quelques heures plus tôt, le président de l'association de défense des droits de l'Homme, avait annoncé que Natalia Estemirova avait été enlevée par quatre hommes à Grozny, la capitale tchétchène.
Cette militante de terrain dénonçait au quotidien les exactions commises en Tchétchénie. Depuis 1999, elle recensait les enlèvements, disparitions et meurtres commis dans cette petite république russe du Caucase, recevait les familles des victimes dans le bureau de Memorial à Grozny et les aidait face à une machine policière et judiciaire sourde à leurs appels.
Elle avait collaboré avec deux autres militants des droits de l'Homme dans le Caucase, la journaliste Anna Politkovskaïa, assassinée à Moscou en 2006, et l'avocat Stanislas Markelov, lui aussi abattu dans la capitale russe, en janvier. Selon Tatiana Lokchina de Human Rights Watch, "elle avait fait des choses que personne d'autre n'avait osées". En d'autres termes, elle gênait...
Natalia Estemirova avait continué à dénoncer les enlèvements ces dernières semaines en Tchétchénie, malgré la fin de la guerre proclamée en avril, suggérant que des hommes de main du président tchétchène pro-russe Kadyrov tiraient les ficelles dans l'ombre.
Interrogée sur le rôle du pouvoir local dans les dérives en Tchétchénie, elle renvoyait toutefois la responsabilité sur Moscou. "L'essentiel, c'est qui est au Kremlin. En matière de droits de l'Homme, Moscou reste l'exemple pour les dirigeants tchétchènes", commentait-elle ainsi le 19 avril sur la radio Echo de Moscou.
Ce matin, plusieurs organisations de défense des droits de l'Homme ont présenté à Moscou un rapport dans lequel ils demandaient l'inculpation du Premier ministre et ancien président russe Vladimir Poutine ainsi que d'autres hauts responsables du pays, pour les crimes commis pendant les deux guerre qui ont dévasté la Tchétchénie depuis 15 ans.
Anne Jocteur Monrozier, avec agences
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