Guerre en Ukraine : après le blocage de la Hongrie, l'UE à la recherche d'un plan B pour envoyer 50 milliards d'euros d'aide à Kiev
Avancer, malgré le blocage de Budapest. C'est, pour résumer, ce que les dirigeants de l'Union européenne (UE) ont promis de faire vendredi 15 décembre à Bruxelles (Belgique), après le "non" de la Hongrie au versement d'une nouvelle tranche d'aide à destination de l'Ukraine.
Les 50 milliards d'euros de dons et de prêts de l'UE, échelonnés sur quatre ans, sont pourtant cruciaux pour Kiev, alors que la contre-offensive contre la Russie s'est enlisée et qu'une nouvelle aide américaine est bloquée par le Congrès. Malgré l'urgence, et après avoir permis l'ouverture des négociations d'adhésion avec l'Ukraine et la Moldavie, Viktor Orban a mis un coup d'arrêt aux discussions.
Résultat, les dirigeants de l'UE se retrouveront "en janvier" lors d'un nouveau sommet pour aborder le sujet, a annoncé Charles Michel, le président du Conseil. Mais rien n'indique que la Hongrie change d'avis d'ici là, alors que l'unanimité est requise sur le dossier.
Viktor Orban, habitué de cette stratégie de blocage, pourrait de nouveau utiliser son veto, alors que la Commission européenne retient le versement de dizaines de milliards d'euros de subventions à destination de Budapest, dans le cadre de procédures d'infractions à l'Etat de droit. Une situation qui conduit les autres pays à chercher une solution alternative pour débloquer les fonds à destination de l'Ukraine.
Un plan B des Vingt-Six
Le Premier ministre irlandais, Leo Varadkar, a ainsi suggéré vendredi que les 26 autres Etats membres de l'UE pourraient fournir de l'aide à Kiev "sur une base bilatérale", rapporte RTE. Une position partagée par la présidente de la Commission Ursula von der Leyen, qui, tout en soulignant "travailler dur pour obtenir un accord des Vingt-Sept", a expliqué qu'il était "désormais nécessaire de travailler sur des alternatives pour avoir une solution opérationnelle" en cas d'absence d'unanimité, relate Euractiv.
Même son de cloche du côté d'Emmanuel Macron, qui a rappelé lors d'une conférence de presse que "David Cameron [ancien Premier ministre britannique] avait bloqué le budget [en 2014] et qu'il y avait tout un mécanisme de contournement", ajoutant que l'UE "[savait] faire" en pareille situation.
Quelle forme pourrait prendre ce plan B ? L'idée de la création d'un fond commun par les 26 Etats membres, sans la Hongrie, a été évoquée par des diplomates européens. Mais sans le cadre des institutions européennes, réunir 33 milliards d'euros de prêts et 17 milliards de dons risque d'être complexe et de prendre du temps.
Si cette formule ne fonctionnait pas, Viktor Orban pourrait-il de nouveau être invité à quitter la salle du Conseil, comme lors de l'approbation des négociations d'adhésion avec l'Ukraine ? L'option semble être exclue, d'autant que cette nouvelle tranche d'aide à Kiev fait partie d'une discussion plus large sur la révision du budget de l'UE 2021 à 2027, fruits de divisions parmi les pays membres sur les priorités du bloc et l'augmentation des dépenses.
"Nous devrions arriver à une décision ensemble"
Plusieurs dirigeants s'inquiètent cependant de voir l'unité, chère au projet européen, sacrifiée sur l'autel de l'efficacité. "J'espère que nous n'aurons pas à [aller vers un plan B]", a ainsi expliqué la Première ministre italienne, Georgia Meloni, rapporte le Financial Times. "La plupart du temps, nous devrions arriver à une décision ensemble. [Inviter un membre à quitter la salle du Conseil] n'est pas quelque chose que nous devons faire à chaque fois", a ainsi expliqué le chancelier allemand Olaf Scholz jeudi, rapporte Politico.
Les dirigeants européens se sont efforcés de rester optimistes, après l'échec des négociations. Le Premier ministre belge Alexander de Croo a ainsi tenu à rassurer Kiev du "soutien" de l'UE et qu'il fallait simplement "définir quelques détails". L'Ukraine "ne restera pas sans soutien" a appuyé la Première ministre estonienne Kaja Kallas, tout en estimant qu'une solution à 27 prendrait trop de temps, "alors que l'Ukraine n'en a pas", relate le Financial Times.
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