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Ferguson : "A la fois exceptionnel et d’une dramatique banalité"

Dix jours après la mort d’un jeune Noir à Ferguson, tué par la police, Thomas Snegaroff, spécialiste des Etats-Unis, explique que ce cas est loin d’être isolé dans ce pays.
Article rédigé par Elise Delève
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
  (Selon le FBI, toutes les semaines, entre 2005 et 2012, deux américains noirs sont tués par des policiers blancs © Reuters-Joshua Lott)

Une ville en colère. Depuis le 9 août, la ville américaine de Ferguson dans le Missouri ne passe plus une nuit au calme. Des tensions d’abord, de violentes manifestations, puis des émeutes depuis la mort de Michael Brown, abattu par un officier de police. La victime est noire, le tueur présumé est blanc.

La colère prend alors la forme d’émeutes raciales, même si, aux Etats-Unis, "un Noir tué par un policier blanc, c’est assez fréquent ", confie le spécialiste des Etats-Unis, Thomas Snegaroff sur France Info. Selon un rapport récent du FBI, "entre 2005 et 2012, il y a toutes les semaines deux cas de figures " identiques ou quasi-identiques, à savoir un policier blanc qui tue un noir. La victime n’est pas souvent désarmée, comme dans le cas de Ferguson, mais cela révèle pour le spécialiste, "la permanence et la persistance de ces faits ".

"Ce qui s’est passé à Ferguson est à la fois exceptionnel mais aussi d’une dramatique banalité" (Thomas Snegaroff)

50 ans après l’abolition de la ségrégation aux Etats-Unis, les formes de discriminations raciales sont troujours présentes. Thomas Snegaroff souligne qu’aux Etats-Unis, la police "est considérée comme raciste. 86% des Noirs considèrent qu’elle est plus dure envers eux qu’envers les Blancs ". Et depuis Ferguson, ce sentiment est "partagé par la majorité des Blancs ", selon le spécialiste. A Ferguson, où 67% de la population est noire, 93% des arrestations lors de contrôle de routine en voiture se font sur des noirs.

"Le mythe américain melting-pot est une vaste plaisanterie" (Thomas Snegaroff)

Ces émeutes auraient pu rester locales, mais elles ont eu "une résonnance sur les réseaux sociaux ", ce qui leur a donné une portée internationale. Elles sont également longues, et les Etats-Unis n’y sont pas habitués. Thomas Snegaroff rappelle qu’en 1991, les émeutes de Los Angeles n’ont duré qu’une semaine, après l’affaire Rodney King.

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Au niveau des discriminations, l’élection de Barack Obama n’a rien changé à la situation selon Thomas Snegaroff, "la question de la race n’est pas close aux Etats-Unis ", l’Amérique post-raciale "n’est qu’une illusion ". En 2012, une sociologue américaine a montré que seulement 2% des Blancs choisissent un quartier noir lorsqu’ils déménagent. Aux Etats-Unis, le melting-pot est une "vaste plaisanterie ", car les communautés vivent "côte à côte ", et "très peu ensemble ".

"Un noir tué par un policier blanc, c’est assez fréquent aux Etats-Unis" (Thomas Snegaroff, spécialiste des Etats-Unis)

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