Pourquoi la Grèce convoque des législatives anticipées
"Les élections se tiendront en avril", a affirmé le porte-parole du gouvernement grec. Cette décision fait suite au vote du Parlement grec en faveur du programme d'austérité demandé par l'UE et le FMI.
Dans un climat très tendu, au lendemain d'une journée de violences, le porte-parole du gouvernement grec, Pantelis Kapsis, a annoncé, lundi 13 février, que des élections législatives anticipées auraient lieu "en avril". Cette décision fait suite au vote du Parlement grec en faveur du programme d'austérité réclamé par l'Union européenne et le Fonds monétaire international, dimanche soir.
"Ce gouvernement a un mois à un mois et demi de travail devant lui. (...) Nous allons terminer en mars [le travail sur le prêt au pays et le plan de désendettement] et les élections se tiendront en avril", a déclaré Pantelis Kapsis. Le mandat de l'actuel gouvernement et du Parlement pouvaient techniquement durer jusqu'en octobre 2013. Pourquoi convoquer des élections dès avril ?
• Parce que le gouvernement estime avoir rempli sa mission
Depuis sa nomination à la tête d'un gouvernement de coalition le 11 novembre 2011, le Premier ministre grec Lucas Papademos a répété que son mandat serait de courte durée. Il ne vise qu'à négocier l'effacement d'une partie de la dette grecque et à assurer le versement de la deuxième tranche d'aide européenne de 130 milliards d'euros. C'est à ces deux volets qu'une majorité de 199 députés sur 300 parlementaires grecs a donné son aval dimanche.
Désigné Premier ministre après la démission du socialiste Georges Papandréou, Lucas Papademos (indépendant) dirige un gouvernement de coalition réunissant le parti socialiste (Pasok) et la droite (Nouvelle Démocratie). L'extrême droite (Laos) en était membre jusqu'à vendredi mais s'est désolidarisée du programme d'austérité juste avant le vote, ce qui a conduit à la démission des quatre ministres de ce parti. Ils devraient être remplacés dans la semaine.
• Parce que la coalition au pouvoir a explosé
Les deux grands partis ont chacun perdu plus de 20 députés depuis la naissance du gouvernement, et plus aucune formation ne dispose d'une majorité au Parlement.
La semaine dernière, six ministres ont ainsi claqué la porte du gouvernement en deux jours. La ministre adjointe aux Affaires européennes, Mariliza Xenoyannakopoulou, cadre et députée du parti socialiste Pasok, a démissionné vendredi pour protester contre l'adoption du plan de rigueur : "Malheureusement, la troïka [UE, BCE et FMI] ne tient pas compte des conséquences de la mise en œuvre du premier plan de rigueur (...) et décide de prendre des mesures qui vont dramatiquement creuser la récession et accroître la colère sociale", a-t-elle écrit dans une lettre adressée au Premier ministre Lucas Papademos.
• Parce que le peuple veut s'exprimer
Signe de la colère populaire, environ 100 000 Grecs ont manifesté dimanche à travers le pays pour protester contre le nouveau train de rigueur. Le retour aux urnes en avril permettra à la population de désigner de nouveaux représentants.
Après deux années d'austérité sous gouvernement socialiste, la Nouvelle Démocratie, deuxième parti au Parlement, souhaite capitaliser sur le mécontentement de l'électorat. Son leader Antonis Samaras a annoncé que s’il obtenait la majorité absolue en avril, il renégocierait les conditions de l’aide européenne. Le parti de droite risque toutefois de voir son image associée au nouveau plan de rigueur, qu'il a voté dimanche.
Au sein du parti de gauche Pasok, plusieurs ténors du parti se sont quant à eux lancés dans la course à la succession de l'ancien premier ministre Georges Papandréou.
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