Grèce: quand la presse se montre critique sur la question de la dette
François Lenglet sur France 2 s'est montré ironique et mordant sur le projet d'accord imposé par la zone euro à la Grèce, estimant qu'on «changeait les essuie-glaces d'une voiture qui est en panne, ça ne sert à rien».
Pour le journaliste économique, le vrai problème «est la dette excessive du pays qu'il faut alléger. Elle ne sera jamais remboursée.»
François Lenglet n'est pas le seul à s'interroger sur la viabilité des accords qui semblent se mettre en place avec Athènes. Le journaliste de La Tribune, Romaric Godin, qui suit la question grecque, s'interroge lui aussi sur la dette. «Les leaders européens, lundi soir, ont exclu toute négociation sur la dette. Or, on le comprend, Alexis Tsipras ne peut réellement "vendre" au Parlement un accord sans un plan sur la dette.»
Sans accord sur la dette, «l'économie grecque serait ponctionnée pendant des années par des taxes et plombée par des mesures budgétaires restrictives (l'excédent primaire doit être de 3,5 % du PIB à partir de 2018 dans le nouvel accord) afin de rembourser les créanciers. Ce serait, en pire, la situation italienne depuis le milieu des années 1990 où les excédents primaires se succèdent et conduisent à un affaiblissement de la croissance qui, à son tour, rend les excédents primaires encore plus nécessaires», analyse Romaric Godin.
La question de la dette est pourtant au cœur du problème, reconnaissent Les Echos : «Au Sommet, Alexis Tsípras a une nouvelle fois réclamé une "dette viable". Et, même si la moindre allusion à une restructuration peut déplaire au Bundestag, "la question de la soutenabilité de la dette devra faire partie d'un accord", a reconnu lundi soir Angela Merkel, mal à l'aise. Le secrétaire d'Etat au Trésor américain, Jacob Lew, a d'ailleurs appelé mardi les Européens à "faire leur part du travail". Au mieux, l'Eurogroupe pourrait formuler un engagement sur un futur cadre de négociations de la dette.»
Le Monde rappelle d'ailleurs que le FMI «reste l'allié d'Athènes sur le terrain de l'allègement de la dette hellène, dont les Européens ne veulent pas entendre parler». L'économiste du FMI, Olivier Blanchard, indiquait sur son blog: «Nous estimons que dans la proposition actuelle, l’allègement de la dette peut prendre la forme d’un long rééchelonnement des échéances à de faibles taux d’intérêts. Cela dit, toute autre réduction de l’objectif d’excédent primaire, aujourd’hui ou demain, exigerait vraisemblablement des décotes.»
Le débat n'est pas nouveau. Le 11 septembre 2011, lors de sa première intervention télévisée au lendemain de ses ennuis new-yorkais, Dominique Strauss-Kahn, ex-directeur du FMI, faisait déjà ce constat, estimant que l'Union européenne devait «prendre sa perte».
Conscient des problèmes, le New York Times affirmait avant la réunion du 24 juin que «l'ampleur des sujets restant à résoudre signifie qu'il ne peut y avoir aucune garantie de succès, mercredi soir, selon les observateurs». Comme quoi la question grecque est loin d'être terminée...
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