Incendies en Grèce : les migrants accusés d'être à l'origine des feux qui touchent le nord-est du pays
Depuis une semaine, la Grèce est à nouveau en proie à de violents incendies, notamment dans les alentours d’Alexandroupolis, au nord-est du pays, près de la frontière avec la Turquie, où plusieurs corps ont été retrouvés, carbonisés par les flammes. C'est dans cette zone reculée, l'une des plus pauvres de Grèce, que nombre de migrants se retrouvent après avoir traversé la frontière, en quête d'un asile dans l'Union européenne. Cette présence d'exilés déchaîne chez certains habitants et internautes des réactions racistes, poussant certains à les accuser d'être à l'origine des incendies.
Ce déchaînement s'est intensifié après qu'un groupe de 13 Pakistanais et Syriens ont été accusés dans une vidéo postée mardi dernier sur les réseaux sociaux, d'avoir été pris en flagrant délit alors qu'ils tentaient d'allumer un incendie près de la ville d’Alexandroupolis. Si ces derniers ont été accusés d'entrée illégale et de tentatives d'incendie criminel par un procureur, une source gouvernementale a cependant affirmé au quotidien grec Kathimerini que les éléments disponibles suggéraient plutôt que les migrants pouvaient être liés à un incendie accidentel.
Ces discours vont aussi de pair avec la désinformation de certains médias. Un portail d'information local a annoncé mardi que 20 migrants avaient été arrêtés à l'extérieur d'Alexandroupolis après avoir échangé des coups de feu avec la police. Des affirmations réfutées par les autorités elles-mêmes. Une chaîne de télévision a également publié mercredi un rectificatif après avoir rapporté par erreur que deux migrants avaient été surpris en train d'allumer un incendie dans la région voisine de Rodopi.
En fond de ces accusations, un ressentiment anti-migrants fort dans ce territoire, et certains habitants persuadés désormais que les exilés provoquent des incendies afin de nuire à la population ou de pouvoir pénétrer sur le sol grec plus facilement.
Des manifestations antiracistes
En réaction à ces accusations, des militants antiracistes s’organisent en Grèce. Ils étaient plusieurs milliers, vendredi 25 août, devant le Parlement, pour protester contre ces accusations sans fondement. "Si ce sont des réfugiés, il faut le prouver avant de les prendre comme bouc émissaire parce que c'est trop facile, dit l'un des manifestants, Babis. Derrière ces accusations, il y a des enjeux nationalistes. Dans les faits, c'est notre paresse concernant l'entretien qui fait qu'il y a des incendies, c'est nous qui mettons le feu dans le pays, nous et personne d'autre, personne d'autre."
Plusieurs autres manifestations contre ce racisme rampant, qui prend de plus en plus d'ampleur, sont prévues dans les semaines qui viennent dans le pays.
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