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Les Grecs s'enthousiasment pour une expo sur leurs années 80... Avant la crise!

A Athènes, une exposition connaît un grand succès. Pourquoi cette réussite? Parce que l’exposition «GR80» vante aux Grecs déprimés par la crise une période où le pays découvrait les joies de la croissance économique, le début de la prospérité, une démocratie dynamique… Le rêve des années 80 dans un pays qui était sorti de la dictature en 1974. Nostalgie.
Article rédigé par Pierre Magnan
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
Vue de l'exposition «La Grèce dans les années 80» à Athènes. Des figurines reproduisent la sortie du leader du Pasok d'un avion d'Olympc Airways dans les années 80. Aujourd'hui, le Pasok est moribond et la compagnie Olympic a disparu à l'international. (LOUISA GOULIAMAKI / AFP)

«Dans la Grèce de 2017, frappée par la récession, l’exposition est comme un voyage dans des temps plus joyeux», explique le média Greekreporter
 
Ces «temps plus joyeux», ce sont donc les années 80. Une période importante pour la Grèce. C'est celle qui a suivi le retour de la démocratie, en 1974, avec la chute de la dictature. Pendant les années 80, le pays s’ouvre largement au tourisme et se modernise à grande vitesse. En 1981, il devient officiellement membre de l’Europe après des négociations (déjà) parfois compliquées. 1981, c’est aussi l’arrivée de la gauche au pouvoir en Grèce. Une gauche symbolisée par la forte personnalité du leader du Pasok (le PS grec) Andréas Papandréou, qui sera Premier ministre pendant toutes les années 80 avant sa chute, plombé par les affaires. Sexe et corruption. 

(sur les réseaux sociaux les Grecs montrent les objets de l'exposition)

L’objet de l’exposition
Elle «fait entrer les visiteurs dans les années 80 grecques à travers quatre thèmes (politique, arts, mode de vie et technologie)», explique le site de l’exposition.

Pour illustrer la période, les organisateurs ont fait appel au public, qui a répondu en prêtant plus de 2.000 objets, documents et photos. Cela va de la Une que le Times consacra au «tournant à gauche» du pays, à une grosse boiîe de couches, objet fétiche de la fin de la décennie pour avoir été le contenant supposé de pots de vins présumés destinés à Andréas Papandréou, ultérieurement blanchi. 

La plongée dans les années 80 se fait à travers «revues, vêtements, chaussures, journaux». Des appartements d’époque et un salon de coiffure ont été installés dans l'exposition. Il y a aussi beaucoup de présentations audiovisuelles. Une petite jeep Pony rappelle l'éphémère tentative du pays de se doter d'une industrie automobile. Un composteur, dont les syndicats bloqueront l'installation dans les transports en commun, symbolise l'incapacité de l'Etat grec à faire entrer l'argent dans les caisses... et annonce, selon certains, la crise à venir.

(Les réseaux sociaux les Grecs montrent les objets de l'exposition)

Pendant toute cette période, le pays change. Athènes se transforme et devient une ville moderne. L’argent rentre, grâce notamment aux fonds européens. Mais la Grèce devient aussi moins grecque. Les produits importés remplacent largement ceux produits en Grèce. Des grandes marques locales sont rachetées par des groupes internationaux. 

L'introspection à laquelle invite l'exposition a, semble-t-il, fait mouche: l'ouverture fin janvier, a attiré près de 6.000 visiteurs en un week-end, selon l'un des responsables, le sociologue et politologue Panayis Panagiotopoulo. «Se retourner vers le passé est inévitable en temps de crise», note-t-il pour l'AFP.  La décennie 80 mérite selon lui une rétrospective surtout pour avoir accouché d'une «classe moyenne de masse, pluraliste et hédoniste», garante du «vivre ensemble». «Celle-la même qui est en train de disparaître» laminée par l'austérité et la récession. 

 

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