"Les prix y sont inabordables" : les îles grecques prisées des vacanciers, mais pas des Grecs
Après deux ans de stagnation pour cause de Covid, le tourisme en Grèce explose. Les hôtels sur les îles affichent complets et les bateaux pour y aller sont bondés. Mais la plupart des Grecs ne participent pas à la fête car, pour eux, cet été 2022, les prix sont totalement prohibitifs.
"J’adore la Grèce ! Je suis très excitée !", confie une jeune touriste américaine ravie de visiter Athènes. Dans quelques heures, elle mettra le cap sur les îles grecques. Pas Irène. Fonctionnaire grecque d’une quarantaine d’années, elle aussi adorait partir en famille sur la petit île de Tilos, dans le Dodécanèse, ou alors dans les Cyclades. Désormais c'est impossible : beaucoup trop cher.
"Cet été, les prix pour se rendre sur une île sont inabordables, se révolte Irène. On devait aller à Tilos mais le billet de bateau, sans cabine, pour une personne avec une voiture coûte 350-400 euros, voire plus en période de haute saison, en août. On n'a jamais vu ça !" Le plus fou est que désormais il revient bien moins cher pour les Grecs d’aller à l’étranger, par exemple en Italie, plutôt que dans les îles. "Tu peux trouver des billets d’avion à 20-30 euros pour des pays en Europe si tu t’y prends à l’avance, ou pour 100 euros", poursuit Irène.
"C'est un tiers de ce que nous paierons ici cet été pour aller sur la moindre petite île."
Irène, une quadragénaire grecqueà franceinfo
Résultat, les campings du continent ont été cet été pris d'assaut, surtout par les jeunes qui, avant, campaient dans les îles. "On a décidé de camper sur une plage près d'une taverne mais jusqu'au dernier jour, on regrettait de ne pas être sur une île. Nous étions plusieurs dans ce cas. Il y avait beaucoup de jeunes qui campaient, comme nous, pour la première fois sur le continent", ajoute Irène désabusée.
30 millions d'euros de bons vacances distribués
Conscient que de moins en moins de Grecs peuvent partir sur les îles, le ministre du Tourisme, Vasilis Kikilias, a annoncé des mesures de tourisme social. "L’année dernière nous avions un budget de 20 millions pour le tourisme social. Cette année, on en a eu dix de plus, soit 30 millions pour des bons de vacances qui sont donnés, très facilement, sans bureaucratie. C’est valable dans les tavernes, dans les transports, les hôtels. Tous les Grecs sans ressources iront en vacances, il n’y aura pas de problèmes", assure le ministre.
Yiannis, un employé de 27 ans, en a effectivement profité. Il est parti sur l'île d'Eubée avec les bons de vacances du gouvernement. "J'ai pu partir cet été sept jours avec ces bons, sur l'île d'Eubée. On a été dans le nord et le sud de l'île. On habitait Chalkida. Mais quand même, j'essaie de partir pas trop loin pour limiter les frais. Avec le ferry, toutes les îles sont chères."
Selon les dernières statistiques, pour 24 touristes étrangers en Crète, un Grec a pu faire le voyage. Si le tourisme entre pour 25% dans le PIB de la Grèce et est même la seule industrie du pays, les Grecs, eux, de plus en plus, n'ont accès aux îles que pour y travailler.
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