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Grève générale en Tunisie : les locaux d'Ennahda incendiés

Plusieurs villes du sud de la Tunisie sont en grève, ce mercredi. Alors que le pays est toujours en proie à une situation politique instable, les manifestants souhaitent dénoncer la pauvreté et les disparités régionales qui touchent le sud. Ils se sont attaqués au siège d'Ennahda à Gafsa, qu'ils ont incendié. 
Article rédigé par Lucas Roxo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (Reuters)

Déjà en proie à une crise politique qui dure depuis trois mois, la Tunisie est secouée par des manifestations, ce mercredi. Le sud du pays, notamment, est paralysé par une grève générale. Portées par l'antenne locale du syndicat UGTT, les villes de Gafsa, Gabès et Siliana sont bloquées.

Dans une région marquée par la pauvreté et qui s'est toujours considérée comme laissée pour compte, le catalyseur a été la décision du gouvernement de ne pas inclure ces villes dans la liste des gouvernorats où des facultés de médecine et centres hospitaliers universitaires seront bâtis dans les années à venir.

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Les locaux d'Ennahda à Gafsa incendiés

Ce mercredi, c'est dans la ville de Gafsa que la mobilisation s'est montrée la plus forte. Aux alentours de 12h, des protestants ont forcé le siège du gouvernorat, mais se sont rapidement fait disperser par les agents de l'ordre, à l'aide de bombes lacrymogènes. 

Ils se sont alors rabattus sur les locaux d'Ennahda, le parti islamiste au pouvoir. Une vidéo, publiée sur le réseau social Facebook, montre des centaines de manifestants aux abords du siège d'Ennahda, applaudissant et harranguant ceux qui ont pénétré à l'intérieur, qui jettent les meubles et les documents par le balcon, avant d'y mettre le feu. 

La police n'était pas sur les lieux, et les manifestants ont empêché les pompiers d'accéder au site. 

Gabès et Siliana paralysées

A Gabès, la majorité des établissements publics est fermée, comme La Poste ou les écoles. Plusieurs milliers de personnes se sont rendues dans la rue pour manifester. 

En signe de protestation, les manifestants se sont ensuite dirigés vers le lieu où était prévu la faculté de médecine. 

A Siliana, une foule de manifestants s'est également rassemblée pour demander le départ d'Ennahda. Un convoi de manifestants, à pied et en voiture, s'est mis en route en direction de Tunis. 

Un peu plus tard dans l'après-midi, la manifestation a quelque peu dégénéré. Des heurts ont opposés des policiers et des manifestants, après que ces derniers aient lancé des pierres sur la police, qui a répliqué de la même manière, avant de les disperser en utilisant des gaz lacrymogènes. 

Le sud, région délaissée

Pour l'antenne locale du syndicat UGTT, la décision du gouvernement illustre les disparités de traitement entre les différentes régions du pays, un des facteurs de la révolution de 2011.

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Gafsa, région stratégique en raison de ses mines de phosphates mais parmi les plus pauvres du pays, avait été le théâtre en 2008 d'une insurrection nourrie par la pauvreté et réprimée dans le sang. En Tunisie, nombreux considèrent que ces manifestations avaient marqué le réel début de la révolution. 

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