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Hong-Kong : l’étonnante confession des libraires disparus

Zizanie entre Hong-Kong et le gouvernement chinois. Quatre des cinq libraires hongkongais disparus depuis le mois d'octobre sont réapparus dimanche à la télévision chinoise, pour livrer des aveux publics. Ils ont reconnu avoir vendu en Chine des livres interdits, qui critiquent le régime.
Article rédigé par franceinfo
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  (Manifestation en soutien aux libraires © MaxPPP)

La maison d'édition (nommée Mighty Current ) est propriétaire de la librairie Causeway Bay à Hong Kong. Librairie où l'on trouve des livres sur les secrets du Parti Communiste, les rapports de forces au sommet du pouvoir, des révélations sur la corruption des dirigeants chinois ou leurs infidélités. Les trois quarts des ouvrages critiquant Xi Jinping sont publiés par cette maison d’édition.

Des livres interdits en Chine

Ces livres critiques sont évidemment interdits sur le territoire chinois. Ils sont cependant en vente libre à Hong Kong, où la liberté d'expression est une valeur protégée.

Ce qui dérange Pékin, c'est que lors de leurs vacances, certains touristes chinois achètent ces livres et les ramènent chez eux. Pire,  dans leurs brèves confessions diffusées dimanche soir à la télévision, les libraires ont avoué avoir vendu 4.000 de ces livres en ligne en les faisant livrer directement sur le continent chinois. Certains ouvrages auraient aussi passé la frontière clandestinement.

Des aveux en public : une nouvelle forme de procès ?

Face caméra, les libraires avouent que rien n'est vrai dans ce qu'ils publient, décrivant un ramassis de rumeurs trouvées sur internet. Ils terminent leurs confessions en disant qu'ils accepteront leur punition.

Ces confessions publiques ramènent aux pratiques de la Révolution culturelle. Avant même d'avoir été jugé, les critiques du régime chinois sont forcés à faire des aveux publics et à se repentir.

 Pour Pékin, cela permet de classer rapidement une affaire. Et l'histoire ne dit pas comment ces aveux sont récoltés, s’ils l’ont été sous la menace.

Dans le cas des libraires d'Hong Kong, la situation est d'autant plus étrange que cette mise en scène élude complètement la façon dont ils ont disparu.

Ont-ils été exfiltrés ?

Les libraires n'ont pas passé la frontière entre Hong Kong et la Chine et certains ont même laissé leur passeport chez eux. Ce qui veut probablement dire que des agents chinois se sont introduits à Hong Kong pour les ramener sur le continent chinois.

Cette pratique est strictement interdite par la loi, par le principe d'un pays, deux systèmes. Malgré son retour à la Chine en 1997, Hong Kong a conservé une indépendance judiciaire et politique. Indépendance que Pékin menace de plus en plus, disent les militants hongkongais des droits de l'homme.

 

Enfin, Gui Minhai, le responsable de la maison d'édition, qui possède aussi la nationalité suédoise, a lui aussi disparu lors de ses vacances en Thaïlande. Bangkok et Stockholm suivent cette affaire de près. 

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