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Iran : la justice justifie l'incarcération de la chercheuse franco-iranienne Fariba Adelkhah en l'accusant d'avoir enfreint les règles de son assignation à résidence

Agée de 62 ans, la Franco-Iranienne était assignée à résidence depuis octobre 2020 à Téhéran et devait porter un bracelet électronique, avec des déplacements limités dans un rayon de 300 mètres. Elle a été à nouveau mise en prison ces derniers jours.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Des collègues de Fariba Adelkhah affichent leur soutien à la chercheuse lors d'une manifestation à Paris, le 13 janvier 2022. (THOMAS COEX / AFP)

La Franco-Iranienne Fariba Adelkhah a été de nouveau incarcérée à Téhéran (Iran), après avoir été placée en résidence surveillée en 2020. La justice iranienne affirme avoir pris cette décision car la chercheuse "a délibérément enfreint des dizaines de fois les limites fixées à son assignation à résidence", selon un communiqué publié 16 janvier. Fariba Adelkhah, âgée de 62 ans, devait porter un bracelet électronique, avec des déplacements limités dans un rayon de 300 mètres.

Le chef adjoint du pouvoir judiciaire, Kazem Gharibabadi, déclare regretter que la chercheuse ait ignoré "les avertissements répétés des autorités judiciaires", dans ce texte publié par Mizan, l'agence d'information de la justice iranienne.

Le comité de soutien Fariba Adelkhah a récusé ces accusations. "Elle a fondamentalement respecté les limitations apportées à sa liberté de circulation", a affirmé Béatrice Hibou, directrice de recherche CNRS. "Le problème n'est pas de savoir si Fariba Adelkhah a, ou n'a pas, respecté les dispositions de son assignation à résidence. La réalité est que cette assignation à résidence, la condamnation à cinq ans de prison et l'arrestation même de Fariba Adelkhah, le 5 juin 2019, n'ont jamais eu le moindre fondement et ont été autant d'actes iniques et illégitimes", a ajouté Béatrice Hibou.

L'Iran dénonce les déclarations de Paris

Jeudi, à Paris, une centaine de personnes s'étaient déjà rassemblées pour témoigner de leur indignation et de leur soutien à Fariba Adelkhah, qualifiée de "prisonnière scientifique" en Iran. Le président français, Emmanuel Macron, avait alors qualifié la décision des autorités iraniennes de "totalement arbitraire", affirmant que "la France tout entière" était "mobilisée pour [la] libération" de la chercheuse. La veille, le ministère français des Affaires étrangères avait prévenu que sa réincarcération ne "pouvait qu'avoir des conséquences négatives" sur les relations bilatérales et "réduire la confiance" entre les deux pays.

Kazem Gharibabadi a estimé dimanche que ces déclarations étaient "sans fondement" et a dénoncé l'ingérence de pays étrangers dans le système judiciaire iranien. " Fariba Adelkhah est une citoyenne de la République islamique d'Iran et nous condamnons fermement l'intervention d'autres pays dans le processus judiciaire", a-t-il indiqué. L'Iran ne reconnaît pas la double nationalité et traite les personnes arrêtées comme des citoyens iraniens.

Spécialiste de l'islam chiite et de l'Iran post-révolutionnaire à l'Institut d'études politiques de Paris, elle avait été arrêtée en juin 2019 puis condamnée en mai 2020 à cinq ans de prison pour atteinte à la sécurité nationale, ce que ses proches ont toujours farouchement contesté. Plusieurs ressortissants binationaux et un autre citoyen français, Benjamin Brière, sont détenus en Iran. Au cours des dernières années, la République islamique a procédé à plusieurs échanges de détenus avec des pays étrangers.

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