"On a fêté ça, c’était une grande joie" : de jeunes Irakiens se réjouissent de la mort de Qassem Soleimani
Dans la nuit de jeudi à vendredi dernier, des centaines de jeunes Irakiens sont descendus dans les rues de Bagdad pour exprimer leur joie après l'annonce de la mort du général iranien.
Sur la place Tahrir en plein cœur de Bagdad, épicentre de la révolte de la jeunesse irakienne contre le gouvernement, on ne regrette pas Qassem Soleimani. Pour ces jeunes, il est le symbole de la mainmise de l’Iran sur leur pays. "Quand on a appris la nouvelle, on a fêté ça, c’était une grande joie", décrit Mohamed, âgé de 24 ans, qui comme des centaines de jeunes Irakiens est descendu dans la rue pour exprimer sa joie après l'annonce de la mort du puissant général iranien.
Il a détruit notre pays durant seize années.
Nizar, jeune Irakienà franceinfo
Qassem Soleimani est considéré comme l'architecte de la répression à balles réelles, qui s'est abattue sur les manifestants pacifiques qui protestent contre la corruption, le chômage et la déliquescence des services publics dans leur pays. Une répression qui a causé la mort de centaines de personnes."Pour nous c’était un terroriste comme Aboubakar Al Bagdadi, explique Nizar, âgé d'une vingtaine d’années. Soleimani et Bagdadi sont les deux faces d’une même pièce."
Peur pour l'avenir de l'Irak
Si certains jubilent d’autres comme Tiba, 21 ans, une étudiante en sciences politiques, ont peur des représailles des milices pro-iraniennes. "Je suis vraiment heureuse, à 100%. Franchement il était la cause de la destruction de notre pays, explique-t-elle. Mais je suis inquiète pour l’avenir, nous avons souffert toute notre vie, la peur ne nous a jamais quittés."
Et la peur de ces Irakiens c’est de se retrouver au cœur d’une guerre entre l’Iran et les États-Unis. Un conflit dévastateur que redoute également un chauffeur de tuk-tuk (un mini taxi sur trois roues). Ce jeune a pris fait et cause pour les manifestants mais il n’oublie pas que le général iranien Qassem Soleimani a été un ardent combattant anti-Daech. C’est lui qui a été dépêché pour repousser les jihadistes partis à la conquête de Bagdad en 2014 après la prise de Mossoul. "Je suis triste car cet homme a combattu Daech, explique le chauffeur. Le seul à nous avoir défendu, c’est Qassem Soleimani. Mais aujourd’hui, nous ne voulons pas que les États-Unis et l’Iran violent notre souveraineté, qu’ils se fassent la guerre sur notre sol. Assez de sang comme ça !"
Les jeunes de la place Tahrir sont les premiers à exprimer un ras-le-bol mais ils restent conscients qu’ils ne sont pas maîtres de leur destin.
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