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Vidéo "C'est à eux, maintenant, d'avoir peur de nous" : dans ce café clandestin de Téhéran, les jeunes bravent les lois islamiques

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Envoyé spécial. "C'est à eux, maintenant, d'avoir peur de nous" : dans ce café clandestin de Téhéran, les jeunes bravent les lois islamiques
Envoyé spécial. "C'est à eux, maintenant, d'avoir peur de nous" : dans ce café clandestin de Téhéran, les jeunes bravent les lois islamiques Envoyé spécial. "C'est à eux, maintenant, d'avoir peur de nous" : dans ce café clandestin de Téhéran, les jeunes bravent les lois islamiques
Article rédigé par France 2
France Télévisions

Une équipe d'"Envoyé spécial" a pu se rendre à Téhéran, où les manifestations se succèdent depuis que la jeune Mahsa Amini est morte suite à son arrestation pour une tenue qui ne respectait pas le code vestimentaire strict de la République islamique. Dans ce café clandestin, les conversations révèlent l'effervescence, l'espoir et la colère de celles, mais aussi de ceux qui sont déterminés à se battre pour la liberté des femmes iraniennes.

En entrant dans ce café clandestin de Téhéran, on croise une femme non voilée, un signe que nous y sommes à l'abri des regards des gardiens de la révolution. Alors que la police des mollahs quadrille la ville, que la surveillance est partout, ici, des jeunes arrivent à braver les lois islamiques. "Mahsa" discute librement, sans voile, de la situation actuelle avec une amie.

Cette militante de 35 ans a choisi ce pseudonyme en hommage à Mahsa Amini, la jeune femme morte à l'hôpital le 16 septembre dernier, après son arrestation par la police des mœurs pour une tenue qui ne respectait pas le code vestimentaire strict de la République islamique. Depuis, malgré la violence de la répression, les manifestations de solidarité ne faiblissent pas, et la capitale vit sous tension extrême. "Il y a dix jours, se souvient Mahsa, on ne pouvait pas imaginer que le mouvement prendrait comme ça. C'était impensable. Ça me rend tellement heureuse de me sentir de nouveau vivante, quand je suis dans la rue !"

"Avant, quand on manifestait, on disait 'N'ayez pas peur, on est tous ensemble', mais maintenant, la peur a changé de camp, et on scande : 'Ayez peur ! Ayez peur ! On est tous ensemble'."

"Mahsa", une militante iranienne

à "Envoyé spécial"

Son amie, elle, compare la condition des Iraniennes à celle des "Noirs dans les années 60 aux Etats-Unis (...). Comme eux, on n'a pas le droit de rentrer dans certains lieux, par exemple dans un stade. On est privées de beaucoup de choses. C'est avec ce mouvement qu'on s'est rendu compte à quel point les femmes étaient privées de sport, de cinéma, d'art... à quel point nous ne progressons pas à cause de ces interdictions. C'est une forme de censure".

Les Iraniennes ne sont pas seules à se mobiliser : les hommes sont de plus en plus nombreux à se montrer solidaires. L'un d'eux, âgé de 27 ans, exprime son soutien à celles qui se révoltent et son refus de toute discrimination envers les femmes. Malgré les risques (selon différentes ONG, au moins 76 personnes ont déjà été tuées), il a participé à une manifestation la semaine dernière.

"Ce qui est arrivé à Mahsa Amini, c'est une étincelle pour qu'on puisse tous exprimer notre colère, et dire tous nos problèmes. On ne se bat pas pour notre génération : nous avons le devoir de révéler ces problèmes pour que les générations à venir n'aient pas à subir tout ce que nous subissons."

Un jeune Iranien

à "Envoyé spécial"

Extrait de "Iran : la liberté dévoilée", un reportage à voir dans "Envoyé spécial" le 29 septembre 2022.

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