Israël face au conflit syrien
La frontière entre Israël et la Syrie est petite. Un peu plus de 80 kilomètres, sur le plateau du Golan. Et, depuis 40
ans, même si techniquement Israël reste en guerre avec la Syrie, la frontière a
toujours été très calme. Depuis trois ans, en revanche, la situation a changé. Le
régime de Damas ne maitrise plus que 30% de sa frontière. Le reste est à la
merci de dizaines de groupes rebelles, incontrôlables. Avec, parmi eux, les plus
menaçants, les djihadistes.
"Ce que l'on va avoir en Syrie c'est le chaos et ce vide attire des forces négatives, très extrêmes et très anti israéliennes. Et tôt ou tard, ces salafistes djihadistes, pourrait tourner leur attention vers Israël."
L'inquiétude des armes de destruction massive
La grande inquiétude, ce sont notamment les armes de
destruction massive. Même si leur démantèlement est en cours en Syrie, le
risque existe que certaines de ces armes se retrouvent dans les mains de
djihadistes. C'est l'hypothèse formulée en tout cas par Aviv Oreg, ancien
responsable de la section Al-Qaïda aux renseignements militaires :
"Ces groupes affiliés à Al-Qaïda ne sont redevables à personne. Et dès qu'ils mettront la main sur ce genre d'armes, ils les utiliseront . On est très préoccupé par l'Iran mais il y a une menace réciproque. Si l'Iran bombarde Israël, Israël a la capacité de répliquer. Mais si un groupe de 5 personnes de Jabbat al-Nosra ou de l'Etat islamique en Irak et au Levant utilise des roquettes chimiques contre Israël, vers où va-t-on riposter ? "
Pour le moment, toutefois ce scénario est encore
lointain. A la frontière, la tension est certes vive mais sous contrôle. En trois
ans, l'armée a recensé 80 incidents, la plupart du temps des tirs de mortiers
et d'armes lourdes involontaires. Malgré tout, l'armée israélienne a
complètement revu son dispositif... Jusqu'ici ce sont des tanks qui gardaient
le plateau du Golan, ce sont désormais des unités beaucoup plus mobiles.
Rapprochement avec l'Arabie Saoudite
Au final, trois ans après le début de la guerre civile
syrienne, Israel fait face à de nouvelles menaces mais sa situation globale est
plutôt meilleure qu'avant. Tous ses ennemis sont en perte de vitesse. "C'est comme si on était assis au théâtre et
ce qui se passe sur scène c'est que la Syrie est en train de s'autodétruire. La
Syrie a cessé d'être une menace militaire pour Israël. Le Hezbollah est
fragilisé. Et l'Iran aussi est plus faible. Donc tout cela est bon pour Israël ",
explique le professeur Schlomo Brome.
Cette nouvelle donne sécuritaire a des conséquences
politiques. Même si rien n'est officiel, Israël ne cache plus sa proximité par
exemple avec l'Arabie saoudite. Une première dans l'histoire de la région.
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