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Témoignage Procès de l'effondrement du pont de Gênes : "L'Italie est un pays où l'argent compte plus que tout", se désespère la mère d'une victime

Après une brève audience en juillet, les audiences reprennent ce mardi pour déterminer les responsabilités dans cette catastrophe qui a coûté la vie à 43 personnes, en 2018. franceinfo a rencontré Paola, qui perdu son fils ce jour-là.

Article rédigé par Bruce de Galzain
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Paola Vicini et Michele Altadonna, deux proches de victimes, lors de l'ouverture du procès de l'effondrement du pont de Gênes (Italie), le 7 juillet 2022. (LUCA ZENNARO / ANSA)

Il est midi, il pleut ce 14 août 2018 : l'énorme pont Morandi s'écroule. Cet édifice sur lequel passe l'autoroute est un axe essentiel pour les trajets locaux et le trafic entre l'Italie et la France, s'effondre en pleine ville, précipitant dans le vide des dizaines de véhicules et leurs passagers. 

>> Italie : quatre ans après l'effondrement du pont Morandi de Gênes, un procès sous haute tension

Paola Vicini va perdre son fils Mirko, 30 ans, l'une des 43 victimes. Alors que le procès de la catastrophe reprend mardi 13 septembre - une brève audience d'ouverture avait eu lieu en juillet -, nous la rencontrons sur le belvédère qui domine le pont et qui est dédié au jeune homme. "Il est baptisé Belvédère Mirko Vicini. C'est un belvédère très beau s'il n'y avait pas ce que l'on voit dessous", glisse-t-elle.

C'est le pont San Giorgio, inauguré le 3 août 2020, qui a remplacé le pont Morandi en deux ans à peine. Ce pont sous lequel a été enseveli Mirko. "Nous sommes restés cinq jours et cinq nuits sous le pont, à attendre qu'on le retrouve. C'était interminable et malheureusement, nous ne pouvions plus le prendre dans nos bras", raconte Paola Vicini. 

Procès de l'effondrement du pont de Gênes : le témoignage de la mère d'une victime au micro de Bruce de Galzain

Une manutention "inexistante"

Depuis, la ville de Gênes, qui n'a été en charge ni de la construction, ni de l'entretien du pont, s'est démenée pour repartir, explique Lorraine Barroso, chargée des affaires juridiques et des politiques sociales à la mairie de Gênes : "Les problèmes qui ont suivi l'écroulement du pont, en raison de la mauvaise et même de l'inexistante manutention, ont créé des dommages importants pour la ville, pour les transports, pour les habitants qui ont été délogés. Et bien sûr pour les familles de ceux qui ont perdu la vie." 

Mais ces familles ont du mal à croire en la justice italienne. Paola Vicini est inquiète. 

"On devrait déjà savoir que ceux qui ont fauté auront à payer. Malheureusement, avec la justice italienne, ce n'est pas comme ça."

Paola Vicini, mère d'une victime

à franceinfo

"Que va-t-il se passer? L'Italie est un pays étrange, très étrange où l'argent compte plus que tout", regrette-t-elle. La société d'autoroutes a déjà versé plusieurs dizaines de millions d'euros, mais elle se défend en affirmant qu'il y avait un défaut de construction et non pas d'entretien, contrairement aux conclusions des enquêteurs.

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