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Crise politique en Italie : que peut-il se passer à présent ?

Destitution du président, gouvernement d'intérim, élections anticipées... Depuis que le président a recalé la nomination du gouvernement, l'Italie fait face à une crise politique sans précédent. Voici ce qui pourrait se passer dans les prochains mois. 

Article rédigé par franceinfo - Lison Verriez
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Temps de lecture : 4min
A gauche, Luigi Di Maio, chef de file du Mouvement 5 étoiles, le 7 mai 2018. A droite, Matteo Salvini, à la tête du parti d'extrême droite la Ligue, le 12 avril 2018, à Rome. (TIZIANA FABI / AFP)

L'Italie s'enfonce dans la crise politique. Dernier retournement en date, la démission de l'éphémère Premier ministre Giuseppe Conte après un désaccord avec le président de la République, Sergio Mattarella, autour de la nomination du ministre de l'Economie. Pour remplacer Giuseppe Conte, le chef de l'Etat a nommé un ancien haut fonctionnaire du FMI, Carlo Cattarelli. Et pourtant, rien n'est figé. Voici les différents scénarios qui peuvent désormais attendre l'Italie.

Dans les prochains jours : un gouvernement de transition 

Sergio Mattarella a chargé Carlo Cottarelli, un ancien responsable du Fonds monétaire international, de former un gouvernement "technique". "Je me présenterai au Parlement avec un programme qui, si j'obtiens la confiance, inclura le vote du budget 2019, a expliqué l'économiste. Ensuite, le Parlement sera dissous." 

S'il obtenait la confiance du Parlement, Carlo Cottarelli pourrait tenter de faire adopter le budget 2019 avant des élections anticipées. Le budget "est un grand problème qui inquiète le président de la République, parce qu'il en va de la crédibilité italienne", explique le politologue Marc Lazar, spécialiste de la politique italienne, à franceinfo.

Mais cette hypothèse paraît peu probable aux experts et observateurs de l'Italie. "Le président Mattarella l'a dit lui-même, c'est un pari ! Et évidemment, il sait très bien que, normalement, il n'y aura pas de majorité", estime Ludmila Acone, spécialiste de l'Italie contemporaine, interrogée par franceinfo. Le M5S et la Ligue, majoritaires au Parlement, sont vent debout contre la nomination de Cottarelli. La seule force ayant annoncé son soutien à Carlo Cottarelli est le Parti démocrate (PD, centre gauche). Le gouvernement ne devrait donc pas durer et le Premier ministre a déjà le scénario en tête.

Si je n'obtiens pas la confiance, le gouvernement démissionnera immédiatement et sa mission principale sera de gérer les affaires courantes et d'accompagner le pays vers des élections après le mois d'août.

Carlo Cottarelli, Premier ministre italien

A l'automne : de nouvelles élections

Carlo Cottarelli a précisé que, au cas où son gouvernement n'obtiendrait pas la confiance du Parlement, les futures élections pourraient avoir lieu en septembre-octobre. Il assure que le gouvernement de transition restera "neutre". Il confirme qu'il ne sera pas candidat "et je demanderai le même engagement à tous les membres du gouvernement", explique-t-il. 

Le Mouvement 5 étoiles et la Ligue pourraient conserver leur alliance gouvernementale et mener, ensemble, la campagne électorale à venir. Ou bien la Ligue pourrait tenter de renouer avec ses alliés naturels, la droite et l'extrême droite italienne. "Pour le moment, on ne sait pas quelle sera la configuration des forces politiques pour les prochaines élections", constate Marc Lazar. 

Mais quelles que soient les alliances, de nouvelles élections pourraient avoir leur avantage pour les deux partis. "Voter servira dix fois plus la prochaine fois. Ce sera un référendum : ou on gagne ou on meurt !" a prévenu le chef de file de la Ligue, Matteo Salvini, dont le parti avait obtenu 17% aux dernières législatives. Dans les derniers sondages, il atteint désormais les 25% d'intentions de vote. 

Un succès électoral de plus grande ampleur permettrait à la Ligue et à ses alliés d'avoir davantage de poids face au chef de l'Etat. "Il est clair que le président ne pourra pas faire ce qu'il vient de faire, ce serait beaucoup plus difficile pour lui", résume Ludmila Acone.

Ce serait très difficile pour le président de résister, non pas d'un point de vue constitutionnel, mais d'un point de vue politique.

Marc Lazar, politologue

à franceinfo

A une date hypothétique : la destitution du président Mattarella 

Très amer, le Mouvement 5 étoiles a d'ores et déjà brandi la menace d'une destitution de Sergio Mattarella après son veto. Luigi Di Maio a annoncé, lors d'une interview télévisée, sa volonté de mettre le chef de l'Etat en accusation devant le Parlement. La Constitution Italienne permet, effectivement, dans son article 90, d'engager la responsabilité du chef de l'Etat en cas de "haute trahison" ou "d'atteinte à la Constitution". Mais cette procédure reste "longue et difficile", rappelle Marc Lazar : "C'est une bonne illustration de la volonté du Mouvement 5 étoiles de contester le pouvoir du président et les institutions."

Pour la plupart des experts, le scénario d'une destitution du président semble peu probable, d'autant que le chef de file de la Ligue se montre frileux. "Nous devons garder la tête froide, a-t-il déclaré dans une interview. Certaines choses ne peuvent pas se faire sous le coup de la colère (...) Je ne veux pas parler de destitution." Son parti mise davantage sur la pression populaire. 

La Ligue a menacé d'appeler à des manifestations à Rome ce qui, dans la tête des Italiens, rappelle la marche sur Rome des fascistes en 1922, donc c'est jouer avec l'imaginaire que cela implique.

Marc Lazar, politologue

à franceinfo

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