Élections en Italie : la favorite des sondages Giorgia Meloni, figure de l'extrême droite, fait-elle peur à l'Union européenne ?
L'extrême-droite est aux portes du pouvoir en Italie, où les électeurs votent ce dimanche. La leader du parti Fratelli d'Italia, Giorgia Meloni, est en tête des sondages. Sa victoire pourrait changer les équilibres au sein de l'Union européenne, mais l'Europe doit-elle avoir peur ?
Les institutions de l'Union européenne, comme toutes les chancelleries des pays membres, maintiennent leur souffle en ce dimanche 25 septembre 2022. L'Italie pourrait voir arriver au pouvoir Giorgia Meloni, la patronne du parti post-fasciste Fratelli d'Italia, à la tête d'une coalition avec la droite. Sa victoire pourrait bouleverser le paysage politique en Europe et certains s'en inquiètent.
Cette peur, Giorgia Meloni aime s'en amuser. C'est même l'un de ses meilleurs effets de tribune. Elle se moque régulièrement de la gauche qui voudrait qu'elle soit effrayante. "Mais je fais peur à qui ?, répond-elle en plein meeting, à vous ? Je vous fais peur ? Vous êtes sûr ?"
Un argument de campagne
Giorgia Meloni a bien de quoi faire peur à l'Europe libérale, son héritage post-fasciste en tête. Elle affiche aussi un ultra-conservatisme, mettant en avant la religion, la patrie, la famille. En témoignent également son soutien jamais démenti à l'autocrate hongrois Viktor Orban, son nationalisme identitaire et son populisme anti-élites de Bruxelles. Tout cela fait beaucoup, alors parfois, c'est elle qui souffle le froid lors de ses réunions publiques : "En Europe, ils sont un peu préoccupés : 'ah Meloni, que va-t-il se passer ?' La fête sera finie, l'Italie, elle aussi, va se mettre à défendre ses intérêts nationaux !", a-t-elle par exemple lancé à la foule il y a deux semaines à Milan. Un mois plus tôt, elle s'exprimait aussi en français dans une vidéo destinée aux médias étrangers.
"J'ai vu que la victoire de Fratelli d'Italia conduirait à un désastre, à un tournant autoritaire, à la sortie de l'Italie de l'euro, rien de tout cela est vrai."
Giorgia Melonidans une vidéo
Alors qui s’installera au pouvoir si Georgia Meloni l’emporte ? La populiste d’extrême-droite qui tiendra ses promesses, quitte à provoquer un séisme ? Ou la dirigeante conservatrice qui mettra ses idéaux en sourdine, tiendra les déficits et n’affolera ni les chancelleries, ni les marchés ? Même dédiabolisée, Meloni n'a au fond pas changé, "il n'y a pas de position nouvelle", explique la politologue Sofia Ventura.
"Il y a plutôt l'effort de présenter une attitude nouvelle, à la hauteur d'un rôle de Premier minsitre. Si elle respecte ce qu'elle a dit toutes ces années, il y aura des problèmes."
Sofia Venturaà franceinfo
Des problèmes qui sont d'ores et déjà anticipés à Bruxelles. En cas d’atteintes aux principes démocratiques, "nous avons des instruments", a ainsi prévenu vendredi 23 septembre Ursula von der Leyen, provoquant la fureur de Matteo Salvini, l’un des alliés de Giorgia Meloni. "Qu’est-ce que c‘est, une menace ? Un chantage ? De l’intimidation ? C’est indigne, embarrassant, institutionnellement incorrect de menacer les Italiens. Soit elle s’excuse, soit elle démissionne", a-t-il séchement réagi.
Matteo Salvini ne prend donc pas de gants, ce n'est pas son genre. Mais au-delà de cette passe d’arme opportunément surjouée, il y la réalité financière qui le rattrape. L’Italie a besoin de l’argent européen : 191 milliards d'euros au titre du plan de relance, que Georgia Meloni entend renégocier. Si elle est appelée à gouverner dans les prochains jours, elle ne pourra pas pourtant s'en passer.
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