La saga judiciaire de Silvio Berlusconi
A Naples; Silvio Berlusconi comparaissait pour corruption. Il était accusé par la justice d'avoir «acheté» en 2006 un sénateur de la coalition de Romano Prodi (centre gauche). Objectif : faciliter la chute du gouvernement de gauche sur le point de tomber. Ce parlementaire, Sergio De Gregorio, a avoué avoir reçu 3 millions d’euros.
L'ex-chef du gouvernement, qui se dit innocent, n'aura pas à effectuer sa peine. Motif: les faits qui lui sont reprochés seront prescrits avant un futur jugement en appel. Le tribunal de Naples lui a également interdit d'occuper des fonctions officielles pour une durée de 5 ans.
C'est la seconde fois que Silvio Berlusconi est condamné de manière définitive. En 2013, dans l’affaire qui a entraîné cette condamnation, le magnat des médias avait été reconnu coupable d’avoir artificiellement «gonflé» le prix des droits de diffusion de films. Des droits achetés via des sociétés écrans lui appartenant, au moment de leur revente à son empire audiovisuel Mediaset.
Avant le jugement de 2015, le Cavaliere avait été condamné, au fil des années, à six reprises, en première et deuxième instance, à un total de 18 ans et cinq mois de prison ferme, dont trois ans couverts par une amnistie. Il a bénéficié à trois reprises, après la première instance, d'un acquittement ou d'une prescription pour ces délits. «Grâce au talent de ses avocats et à des lois taillées sur mesure par sa majorité parlementaire, il (a) été toujours relaxé en appel ou (a) bénéficié de la prescription», constate Le Figaro. Accessoirement, on lui a aussi reproché de se servir de son poste pour faire voter des textes lui permettant de défendre sa fortune.
L’homme est habile à se poser en victime. Il se dit «persécuté» par les magistrats. Dans le passé, il s’en est pris à «des juges rouges», complices d’une opposition «déconfite» et à une presse qui «devrait avoir honte». Selon lui, «certains juges» rendent le pays «barbare, invivable» à en perdre la démocratie.
Résumé chronologique des différentes affaires judiciaires
1994 : corruption de policiers. Accusé d'avoir versé des pots-de-vin à la police financière, il est condamné en première instance en 1997 à 33 mois de prison. Acquittement en appel en mai 2000 en partie pour prescription, décision confirmée en cassation en octobre 2001.
1995 : faux en bilan. Accusé d'avoir financé avec une caisse noire l'achat du joueur de football Gianluigi Lentini pour son club, le Milan AC, il bénéficie de la prescription en novembre 2002. Et ce grâce à une loi dépénalisant la falsification de bilan, votée par sa majorité au Parlement.
1995 : accusé de fraude fiscale dans l'acquisition d'une luxueuse villa, à Macherio, près de Milan, il bénéficie de la prescription.
1995 : accusé de faux en bilan au moment de l'acquisition de la société cinématographique Medusa, Berlusconi est condamné à 16 mois de prison en première instance en décembre 1997. Il est acquitté en appel en février 2000, décision confirmée en cassation en octobre 2001.
1995 : accusé de financement illégal du Parti socialiste italien (PSI) à travers une société offshore, la All Iberian, il est condamné en première instance à 28 mois de prison en juillet 1998. Acquitté pour prescription en appel en octobre 1999, confirmé en cassation en 2000.
1996 : accusé de faux en bilan dans un autre volet de l'affaire All Iberian, il est acquitté en septembre 2005.
1998 : accusé de corruption de juges pour empêcher l'achat de la société de produits agroalimentaires publique SME en 1985 par l'industriel Carlo De Benedetti. Le Cavaliere est définitivement acquitté par la Cour de cassation en octobre 2007.
26 octobre 2012 : accusé de fraude fiscale dans l'affaire Mediaset, il est condamné à quatre ans de prison pour fraude fiscale, peine réduite de facto à un an grâce à une amnistie. Il est également condamné à cinq ans d'interdiction d'exercer toute fonction publique, peines confirmées en appel en mai 2013.
7 mars 2013 : Silvio Berlusconi est condamné à un an de prison en première instance dans le procès sur le rachat de la banque Unipol dans lequel il était accusé d'avoir violé le secret de l'instruction. «Son quotidien, Il Giornale, avait publié fin 2005 des retranscriptions de conversations couvertes par le secret de l'instruction entre le chef de la gauche à l'époque, Piero Fassino, et le président de l'assureur Unipol, Giovanni Consorte, alors que la compagnie avait lancé une OPA sur la banque BNL», résume Le Figaro.
24 juin 2013 : le tribunal de Milan le condamne en première instance à sept ans de prison pour abus de pouvoir et prostitution de mineure dans le Rubygate. Une call-girl, Karima el-Mahroug, alias Ruby, alors mineure, avait participé aux parties fines (les fameuses bunga- bungas) de l’homme politique dans sa villa d’Arcore (nord de l’Italie). A la suite de l’interpellation de la jeune fille pour vol, le Cavaliere avait téléphoné à la police pour la faire libérer, affirmant qu’elle était une parente de Hosni Moubarak, alors président égyptien.
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