Japon : à Kyoto, les touristes désormais interdits d'approcher les geishas
Un voyage au Japon ne se conçoit pas sans un passage par Kyoto, l’ex-capitale japonaise, avec ses traditions, ses restaurants et ses geishas. Le charme des ruelles du quartier de Gion prend forme vers 17h, quand il n’est pas rare de voir se faufiler en kimono, coiffée et maquillée une geiko-san ou une maïko-san, que les étrangers appellent "geisha". À cette heure-ci, elles vont au travail, dans les maisons de thé et restaurants du quartier. Sauf que les touristes sont devenus un problème. Les gérants des établissements où travaillent ces artistes ont décidé de prendre des mesures pour les protéger des hordes de photographes amateurs impolis.
"Les groupes de touristes viennent ici emmenés par les guides. Apeurées, les maïko-san ne peuvent pas sortir. Et si elles sortent quand même, les touristes sont trop contents et s’attroupent autour d’elles pour les photographier", explique Isokazu Ota, le responsable de l’association du quartier Gion-sud. "Le problème se pose depuis le retour des touristes après le Covid", précise-t-il.
Interdiction progressive
Pour éviter que les maiko-san, qui n’ont encore souvent que 17 ou 18 ans, ne soient la cible de touristes armés de smartphones et appareils photo, la décision a été prise d’interdire le passage de ces ruelles aux visiteurs, car il s’agit en fait de voies privées. "Ce sont encore des adolescentes, et nous, les gens du quartier, les gérants des maisons de thé, devons les protéger", se défend Isokazu Ota, "ces photos volées sont postées ensuite sur les réseaux sociaux ce n’est pas bien non plus", ajoute-t-il.
"On ne voulait pas en venir là mais on est forcés."
Isokazu Ota, responsable de l'association de quartierà franceinfo
Cette interdiction sera toutefois progressive. Elle débutera en avril et prendra "peut-être cinq ans", précise le responsable de l’association de quartier, car la pause de panneaux coûte cher.
Il faut dire que cette interdiction n'a pas été décidée par la mairie ou les forces de l'ordre, ce sont les propriétaires de restaurants et de maisons de thé qui en prennent eux-mêmes l'initiative.
"Bien sûr, les clients des restaurants qui ont réservé pourront y aller. Mais en général, les groupes qui viennent faire des photos ne vont pas dans ces restaurants", veut rassurer Isozaku Ota. Interrogés sur cette mesure, les touristes étrangers dans le quartier se montrent compréhensifs mais un peu déçus.
"On voulait venir visiter avant car on a entendu dire qu’ils allaient fermer", témoigne une Américaine alors que le surtourisme dans les lieux les plus prisés du Japon constitue désormais un nouveau défi.
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