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Les défis économiques que devra relever Shinzo Abe

Le chef de l'exécutif japonais, le conservateur Shinzo Abe, a fait du rétablissement de l'économie japonaise la priorité de son nouveau mandat, entamé le 26 décembre 2012. Il a annoncé la couleur : il mènera une politique économique de dépense, notamment publique. Loin, très loin, de l’austérité prônée en Europe…
Article rédigé par Catherine Le Brech
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Le drapeau japonais flotte devant le quai à conteneurs du port de Tokyo, le 24 Janvier 2013. (AFP PHOTO / TOSHIFUMI KITAMURA )

En défendant une politique d’augmentation des dépenses budgétaires, Shinzo Abe, nommé après la victoire du Parti libéral-démocrate, veut rebooster l’activité dans son pays en panne. Son but : en finir avec la déflation qui, selon lui, bride l'investissement, la progression des salaires et la consommation. En écho, son ministre des Finances, Taro Aso, a enfoncé le clou : «En dépit de taux directeur à zéro, les entreprises n'ont pas investi plus, ni les particuliers dépensé davantage».
 
Donc, pour sortir de la déflation, la politique monétaire de la banque du Japon (BoJ) ne suffit pas (après une vingtaine d’années de déflation, la BoJ a de plus en plus de difficultés à justifier sa stratégie) et le gouvernement doit appuyer dans le même temps sur le levier budgétaire.
 
Le 23 janvier, en soulignant la bonne tenue de la consommation des ménages, soutenue, entre autres, par le redressement des ventes automobiles, Abe s’est montré plutôt optimiste sur la situation économique. Il a notamment pointé l’amélioration du climat des affaires.
 


Le gouvernement a annoncé qu’il injecterait 175 milliards d'euros (1.820 milliards d’euros prévus sur dix ans) pour relancer une économie grippée, alors que la BoJ assouplissait sa politique monétaire (annonce d’achats d’actifs sans limite dès 2014, objectif d'inflation passant de 1% à 2%). Pour l’heure, sans réformes structurelles prévues pour accompagner ces mesures.
 
En présentant fin janvier un projet de budget 2013-2014 à 760 milliards d'euros, le gouvernement nippon a montré sa volonté de consolider et de relancer l’économie, de ramener la croissance et la confiance.
 
L’émission de nouvelles obligations – malgré une dette publique abyssale (236% du PIB), détenue toutefois à 94% par les Japonais eux-mêmes – doit couvrir 46,3% des crédits de l'Etat.
 
Le Premier ministre a su rassurer
Pourtant, le discours optimiste de Shinzo Abe a eu l’heur de rassurer les marchés : le yen a baissé et la Bourse de Tokyo a rebondi dans la foulée. Quant aux chefs d’entreprise, 54% se sont dits optimistes sur sa politique, contre 21% fin novembre 2012, selon une enquête Bloomberg.
 
Mais les mesures de relance alliée à la baisse du yen suffiront-elles à redresser les exportations, pilier de l’économie nipponne? Reste une inconnue : la demande extérieure dans une conjoncture internationale difficile, notamment en Europe, et le différend territorial avec la Chine qui interfère sur les relations commerciales (les ventes de voitures japonaises en Chine ont chuté de 60% en octobre 2012 sur un an). Sans oublier le climat atone qui règne dans le pays, accentué par le séisme du 11 mars 2011, qui freine la consommation.

Des travailleurs japonais prient dans le temple tokyoïte de Kanda pour que le business soit bon en 2013. (AFP PHOTO / TOSHIFUMI KITAMURA )

La baisse du crédit dans l’archipel pourrait inciter cependant les hommes d’affaires japonais à davantage investir près de chez eux, comme en Thaïlande ou en Malaisie, selon le Crédit Suisse et la banque HSBC.

Revers de la médaille : certains des voisins du Japon, Corée du Sud en tête, ne voient pas d’un bon œil la baisse du yen, dans la mesure où ils exportent des produits concurrents. Le pays du Soleil Levant ne peut pas se permettre de se fâcher avec eux car, en 2012, il a enregistré un déficit commercial annuel sans précédent depuis 1980. Ses exportations ont baissé jusqu'en décembre, alors que la fermeture des centrales nucléaires depuis la catastrophe de Fukushima provoquait une augmentation des importations énergétiques.

Vers un retour à la croissance ? 
Le Japon, habitué à des décennies d'excédents lui permettant de financer en partie sa dette publique chronique, va devoir trouver un nouvel équilibre entre croissance et réformes budgétaires, après une 2e année consécutive de déficit.
 
Aujourd’hui, le gouvernement nippon table sur une croissance de 2,5% sur l'exercice fiscal 2013-2014 contre 1,6% annoncés auparavant (-0,6% en 2011). L’avenir dira si cela possible. Quoi qu’il en soit, on reste loin du miracle économique qui prévalait dans l’archipel dans les années 80.

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