Journée sous tension en Tunisie
Des centaines de personnes qui affluent au domicile de Chokri Belaïd, pour lui rendre un dernier hommage : c'était jeudi matin à Tunis, dans le quartier de Djebel Jelloud."J'accuse ce gouvernement de l'assassinat de mon mari" , a publiquement répété Besma Khalfaoui, la veuve du célèbre opposant.
Au lendemain de l'assassinat de Chokri Belaïd, la tension ne retombe pas dans le pays. Quatre partis ont appelé à la grève générale ce jeudi. L'UGTT, le principal syndicat, a lancé le même mot d'ordre pour vendredi, jour de grève générale et de " deuil national " selon lui : c'est en effet vendredi que les obsèques de Chokri Belaïd sont prévues.
D'après son entourage, le secrétaire général de l'UGTT, Hassine Abassi, a reçu des menaces de mort, après l'annonce de cette première grève générale depuis 34 ans.
Des avocats, des magistrats, des fonctionnaires du parquet et des syndicats d'enseignants universitaires ont aussi appelé à cesser le travail vendredi.
Par précaution, la France a appelé ses ressortissants (ils sont 25.000) à la prudence et a préféré fermer ses écoles vendredi et samedi (7.000 élèves sont concernés).
Le Premier ministre a eu beau annoncer, mercredi soir, la formation d'un gouvernement apolitique, pour tenter de calmer le jeu, ça n'a pas suffi. D'autant que les parlementaires d'Ennahda ont formellement rejeté vendredi cette proposition - tout cabinet doit être approuvé par l'Assemblée constituante, où le parti islamiste est majoritaire. De son côté, la présidence tunisienne affirme n'avoir reçu aucune information sur un éventuel nouveau gouvernement.
"Le peuple veut la chute du régime" (manifestants)
La Tunisie vit des heures troublées. Illustration à Gafsa, au centre du pays, au coeur du bassin minier. Des centaines de manifestants se sont violemment opposés jeudi à la police, devant le siège du gouverneur. Les manifestants, qui procédaient à des funérailles symboliques de Chokri Belaïd, ont lancé un cocktail molotov sur les policiers, qui ont répliqué par des tirs massifs de gaz lacrymogènes. Selon des témoins, sept personnes ont été blessées.
La police a également tiré des gaz lacrymogènes à Tunis, pour disperser les manifestants rassemblés près du ministère de l'Intérieur. Des manifestants qui scandaient : "Le peuple veut la chute du régime " . Plusieurs centaines d'entre eux ont mis à sac et incendié un commissariat de la capitale. Des affrontements similaires ont fait un mort dans les rangs de la police, mercredi. Par précaution, de nombreux commerces avaient baissé le rideau.
Et à Siliana, dans le nord-est du pays, les manifestants ont aussi brûlé le siège du parti islamiste Ennahda.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.