L'état d'urgence en vigueur en Algérie depuis 19 ans a été levé, selon un décret publié jeudi au journal Officiel
Promulgué en 1992 pour lutter contre la guérilla islamiste, il avait été prorogé un an plus tard.
L'état d'urgence avait donné aux militaires des pouvoirs de police et s'est traduit par une restriction des libertés politiques qui a notamment empêché les partis de se déployer deux ans après la reconnaissance du pluralisme politique en 1989.
Le décret, promis par le président Abdelaziz Bouteflika début février, avait été adopté en conseil des ministres mardi dernier et son application avait été alors annoncée comme "imminente".
La levée des mesures d'exception était une revendication commune à tous les mouvements d'opposition qui ont participé à des manifestations hebdomadaires dans la capitale en prenant exemple sur les soulèvements survenus en Egypte et en Tunisie.
L'un des organisateurs des manifestations a toutefois déclaré cette semaine à Reuters que la levée de l'état d'urgence était positive mais insuffisante, et que le gouvernement devait renforcer les libertés démocratiques.
L'ordonnance qui abroge "le décret législatif numéro 93-02 du 6 février 1993 portant prorogation de la durée de l'état d'urgence instauré par décret présidentiel numéro 92-44 du 9 février 1992" a été promulgué par le président de la République.
L'état d'urgence avait été instauré par les autorités algériennes pour contrer la guérilla islamiste déclenchée après l'annulation des résultats des élections législatives de décembre 1991 que le Front Islamique du Salut (FIS, dissous) était en passe de remporter.
200.000 morts lors de la guere civile
La guerre civile dans laquelle l'Algérie s'était enfoncée à fait quelque 200.000 morts, selon les sources officielles.
La levée de l'état d'urgence était une revendication de l'opposition, notamment la Coordination nationale pour la Démocratie et le changement (CNCD) - qui s'est scindée en deux mardi - qui avait organisé deux manifestations pour pour obtenir un "changement du système".
Cette mesure intervient à deux jours d'une nouvelle marche de l'opposition prévue samedi à Alger, et qui reste interdite, comme les deux précédentes.
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