L'ex-Khmer rouge Douch demande pardon
L'heure des excuses a sonné... Trente ans après. Le procès de Douch, celui qui fut le chef de la prison de Tuol Sleng, surnommée S21 - là où au moins 15.000 Cambodgiens ont laissé la vie en 1975 et 1979 - a commencé hier.
Devant la cour spéciale chargée de juger les anciens dignitaires Khmers rouges, Douch a donc admis sa responsabilité. Et demandé pardon. “Je voudrais exprimer mon regret et mon chagrin sincère pour les pertes et tous les crimes” commis sous le régime.
Il faut dire que les procureurs avaient détaillé par le menu les actes de torture perpétrés à S21. “Les victimes étaient battues avec des cannes en rotin et des fouets, électrocutées ou étouffées avec des sacs en plastique attachés de force autour de leurs têtes, déshabillées et leurs parties génitales soumises à des décharges électriques”, a raconté le Canadien Robert Petit. “Personne ne devait en sortir vivant”.
_ Douch l'a admis : les coups de canne étaient le plus souvent utilisés parce que d'autres formes de torture prenaient trop de temps...
Kaing Guek Eav, 66 ans, alias Douch, s'est converti au christianisme - l'Eglise évangélique. Et a fait son mea culpa. “En tant que membre (des Khmers rouges), je reconnais (ma) responsabilité pour ce qui s'est passé (au centre de détention de) Tuol Sleng. ”
Avant d'ajouter : “Permettez-moi de m'excuser auprès des survivants du régime et aussi des proches de ceux qui sont morts brutalement. Je ne vous demande pas de me pardonner maintenant, mais j'espère que vous le ferez plus tard.”
Un grand pas est fait. Et ce ne sera pas le seul. Quatre autres anciens dignitaires Khmers rouges doivent également comparaître devant ce tribunal spécial. A des dates qui ne sont pas fixées pour l'instant.
Et après ? Ce sera tout, pour l'instant. L'actuel Premier ministre cambodgien lui-même ne veut pas d'autres procès. Hun Sen - lui-même ancien Khmer rouge - a averti que le pays replongerait dans la guerre civile si d'autres personnes devaient être jugées...
La procureure cambodgienne de la Cour s'est récemment opposée à d'autres enquêtes judiciaires contre six suspects supplémentaires, affirmant que de
telles poursuites pourraient déstabiliser le pays.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.