La Palestine en passe de devenir un État observateur à l'ONU
Améliorer sa stature
internationale. La Palestine tente de mettre ce jeudi un nouveau pied sur la
scène mondiale. Mahmoud Abbas, le président de l'Autorité palestinienne, va
soumettre au vote des 193 États membres des Nations Unies, une résolution pour
faire de son pays, un "État observateur non membre". Une avancée
qui "exprime l'espoir que le Conseil de sécurité considérera de manière
favorable " une reconnaissance entière, espère-t-on côté Palestinien. La
date n'est pas un hasard : il y a 65 ans, jour pour jour, l'ONU partageait
la Palestine en deux : un État arabe, un État juif avec la résolution 181.
Majorité acquise
Le texte est assuré de
recueillir une majorité de votes favorables. Mahmoud Abbas s'est dit "totalement
confiant ". 130 pays ont déjà reconnu la
Palestine en 2011, lorsque le président de l'Autorité palestinienne avait
déposé sa candidature comme membre à part entière. Ce jeudi, "nous aurons
une vaste majorité, de plus de deux tiers " a estimé mercredi Hanane Achraoui,
membre du Comité exécutif de l'Organisation de libération de la Palestine
(OLP).
Sur France Info , Leïla Chahid, déléguée générale de Palestine auprès de l'Union européenne, a estimé que cette résolution était "la reconnaissance d'un État avec des frontières, une capitale, des droits reconnus (...) c'est très important ", ajoutant, "on le fait pour libérer un territoire ".
Pour Leïla Chahid, cette tentative devrait être félicitée :"Nous trouvons des
moyens non violents, je crois qu'on devrait être plutôt félicités pour notre
tentative après 20 ans de négociations ".
Les Etats-Unis contre
Washington, tout comme la Canada, votera contre ce
nouveau statut. Les Etats-Unis estiment que seul le dialogue direct entre la
Palestine et Israël compte. "J'ai déjà dit de nombreuses fois que le chemin vers
une solution à deux Etats qui satisferait les aspirations des Palestiniens
passe par Jérusalem et Ramallah, et non par New York ", a déclaré Hillary
Clinton mercredi: "La seule manière d'aboutir à une solution durable est d'entamer
des négociations directes ".
Si la résolution est
acceptée, le Congrès américain a déjà annoncé qu'il ne débloquerait pas les 200
millions de dollars d'aides financières promis.
Israël menace
Cette demande des
Palestiniens intervient dans un contexte particulièrement délicat.
Cessez-le-feu entre le Hamas et Israël après plusieurs jours d'offensive et élections israéliennes
prochainement.
Si la Palestine devient un "observateur
de l'ONU", elle aurait le même statut que le Vatican. Statut qui lui
permet notamment d'accéder aux agences de l'ONU, dont la Cour pénale
internationale (CPI). Et cette perspective n'enchante pas du tout Israël. L'autorité
palestinienne a dit qu'elle s'en servirait pour obliger l'État hébreu à
renoncer à sa politique de colonisation en Cisjordanie.
Israël pourrait de son côté
bloquer les taxes qu'il perçoit pour le compte de la Palestine ou encore
réduire le nombre de permis de travail pour les Palestiniens.
En cas de sanctions
financières israéliennes et américaines, la Ligue arabe a promis un "filet
de sécurité" de 100 millions de dollars par mois.
L'Europe divisée
Pas de position commune du
côté des Européens. Une douzaine de pays va voter pour : la France, l'Espagne, le
Danemark et l'Autriche.
Le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius a déclaré que ce vote serait fait avec "lucidité ". Cependant, "il faut faire preuve de beacoup de lucidité ", le ministre affirme que les choses n'aboutiront que par une "négociation (...) avec les deux parties ".
Londres
et Berlin devraient s'abstenir. Le Royaume-Uni ne voulant pas froisser son
allié américain.
La
Russie s'est dite favorable, tout comme la Turquie et la Suisse.
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