La Syrie, un an de contestation et de massacres
Aujourd'hui, les villes rebelles reviennent toutes, les unes après les autres, dans le giron du pouvoir. Après Homs, Idleb. L'armée syrienne a fait place nette. Que reste-t-il du vent de révolte qui a soufflé sur le pays il y a tout juste un an ? Plus grand-chose...
En un an, les violences ont fait plus de 8.500 morts, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme. Selon l'ONU, quelque 1,5 million de personnes ont besoin d'aide alimentaire. Plus de 25.000 réfugiés sont recensés dans les pays voisins, et entre 100.000 et 200.000 déplacés à l'intérieur du pays.
C'était le 15 mars 2011 . Des centaines de jeunes manifestent dans le souk de Damas, la capitale. A l'appel d'une page Facebook pour "une Syrie sans tyrannie, sans loi d'urgence ni tribunaux d'exception". Le rassemblement ne dure qu'une quinzaine de minutes ; les forces de l'ordre arrêtent une vingtaine de personnes.
Le lendemain, quelques centaines de personnes se rassemblent à nouveau, cette fois devant le ministère de l'Intérieur. Elles demandent la libération des personnes arrêtées la veille. Le rassemblement est violemment dispersé.
Le 18 mars, jour de la grande prière, est prévu un "vendredi de la dignité". Des manifestations ont lieu à Damas, Alep, Homs, Hama, Banias et Deraa, où les forces de l'ordre tirent à balles réelles.
Le mouvement s'étend à tout le pays à la fin du mois, malgré les concessions accordées par le pouvoir : levée de l'état d'urgence, loi sur les partis et les médias, nouvelle Constitution, et libération de 280 prisonniers politiques.
Fin avril, la contestation se radicalise, avec des appels à la chute du régime. L'armée, elle, se concentre sur Deraa. La ville est encerclée, l'eau, l'électricité et le téléphone sont coupés. L'armée se retire le 5 mai.
Pour "une Syrie sans tyrannie, sans loi d'urgence ni tribunaux d'exception"
Tous les vendredis, jour de la grande prière, des manifestations se tiennent. Réprimées à chaque fois dans le sang. Ainsi, le 15 juillet, plus d'un million de personnes se rassemblent, notamment à Hama et Deir Ezzor.
La communauté internationale commence tout juste à se mobiliser. Le 18 août, Barack Obama et les pays occidentaux appellent formellement Bachar al-Assad à partir.
L'opposition syrienne s'organise. Le Conseil national syrien voit le jour fin août, et est lancé le 1er et 2 octobre, à Istanbul. La France lui apporte son soutien le 10 octobre. Il n'est reconnu comme "représentant légitime" que le 24 février 2012.
Gilles Jacquier est tué à Homs le 11 janvier 2012 . Il est le premier journaliste occidental à périr en Syrie.
Le vendredi 3 février est la journée la plus meurtrière depuis le début de la révolte. Des massacres ont lieu à Homs, où l'armée tire au char et au mortier sur les civils. Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), 260 personnes sont tuées.
Le mardi 14 février, toujours selon l'OSDH, on découvre que l'armée tire deux roquettes par minute sur Homs, dans le quartier de Baba Amr.
Nouvelles victimes chez les journalistes, le 22 février : le photographe Rémi Ochlik et l'Américaine Mary Colvin meurent dans le bombardement d'une maison de Baba Amr. Au cours de la même attaque, Edith Bouvier, du Figaro, est blessée. Elle n'est rapatriée que le 2 mars.
Le 1er mars, l'armée prend le contrôle du quartier-symbole de Baba Amr , bastion de la rébellion à Homs, après deux jours de combats et quatre semaines de bombardements.
Le 14 mars, c'est au tour de la ville d'Idleb d'être reprise par l'armée, au terme d'un assaut de quatre jours.
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