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La Tunisie peut "rendre caduc" le "discours sur l'incapacité structurelle des pays arabes à devenir des démocraties"

C'est ce qu'explique le démographe et sociologue Emmanuel Todd dans une interview à Libération."Plusieurs éléments plaident en ce sens: la démographie, l'éducation, la présence massive de la culture française et l'absence de pétrole - à partir du moment où il y a du pétrole, le régime rentier peut échapper à sa population", poursuit-il.
Article rédigé par France2.fr
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Jeunes Tunisiens passant le bac à Tunis (3-6-2005) (AFP - FETHI BELAID)

C'est ce qu'explique le démographe et sociologue Emmanuel Todd dans une interview à Libération.

"Plusieurs éléments plaident en ce sens: la démographie, l'éducation, la présence massive de la culture française et l'absence de pétrole - à partir du moment où il y a du pétrole, le régime rentier peut échapper à sa population", poursuit-il.

Le taux de fécondité de la Tunisie "est le plus faible du monde arabe (2 enfants par femme en 2005)", rappelle le chercheur. Dans
le même temps, "l'alphabétisation y est quasiment achevée". "Pour la période 2000-2004, 94,3 % des 15-24 ans savent lire et écrire (97,9 % pour les garçons et 90,6 % pour les filles)", ajoute-t-il. La baisse de la fécondité et l'alphabétisation ont pu "jouer pleinement leur rôle", permettant au pays de rejoindre "le modèle historique général", estime-t-il. "Quelles que soient les difficultés à venir (et il y en aura, bien sûr), l'idée d'un retour en arrière est difficilement concevable", affirme le chercheur.

En 2007, Emmanuel Todd a publié avec le démographe Youssef Courbage un livre intitulé "Le rendez-vous des civilisations"
(Seuil). Lequel estimait "que, contrairement au discours dominant d'un islam considéré comme incompatible avec la modernité, le monde musulman connaissait un phénomène rapide de modernisation éducative et démographique"

Selon lui, "deux pays" se trouvent actuellement "sur la liste des mutations à venir": la Syrie, "où le taux d'alphabétisation est encore plus élevée qu'en Tunisie (95,2 %)", et l'Egypte, où "l'endogamie [phénomène observable dans les sociétés où l'on choisit son/sa partenaire à l'intérieur d'un même groupe social, géographique, professionnel, religieux etc..., NDLR], déjà pas très élevée, est en chute libre". Et le chercheur de conclure: "Il est probable que les dirigeants de ces deux pays regardent ce qui se passe en Tunisie avec beaucoup d'attention".

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