La Turquie après le putsch : la peur des libéraux
Pendant que les partisans de Recep Tayyip Erdogan fêtaient leur chef sur la place Taksim samedi et dimanche, ceux qui étaient sur cette place il y a trois ans pour défier le régime sont restés entre eux, chez eux, à la maison, un peu hagards face à une situation perdante à tous coups.
"C'est une bonne chose que le putsch n'ait pas eu lieu, mais en même temps on ne peut même pas s'en réjouir puisque ce gouvernement n'est pas démocratique. Et dans le contexte actuel, notre plus grande crainte est que tout ceci finisse par prendre la forme d'une guerre civile", explique Emirhan, un jeune plasticien.
Le président Erdogan a promis dimanche d'éliminer, le "virus" qui ronge la société turque, et ici les violences du week-end ne font rien pour rassurer.
"Les électeurs de l'AKP célèbrent dans les rues la victoire contre les putschistes, ceux qui ne sortent pas savent très bien que c'était bidon, le pouvoir en place n'a jamais été menacé. C'est pourquoi nous n'avons aucune réaction. Mais malgré tout, on ne peut pas sortir, puisque les gens dans la rue nous font peur", affirme Bürde, avocate pour un grand groupe international.
Ici parmi cette jeunesse libérale d'Istanbul, une idée déjà évoquée au lendemain des événements de Gezi refait surface, celle de partir s'installer à l'étranger, pour quelques mois ou pour de bon. Si cela est possible.
Ce mercredi la Turquie a décidé d'interdire aux universitaires du pays de se rendre à l'étranger et ce jusqu'à nouvel ordre. Une mesure qui intervient après la révocation de 1 577 doyens d'université et l'interdiction d'exercer pour 21 000 enseignants d'établissements privés. 15 200 employés du ministère de l'Éducation ont également été suspendus, soupçonnés d'être liés à Fethullah Gülen, que le gouvernement turc accuse d'être à l'origine du putsch manqué.
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