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Le champagne regarde vers l’Orient

Boisson de fête et de luxe par excellence, le champagne porte les couleurs du «made in France» dans le monde entier. Vins et spiritueux représentent le deuxième poste excédentaire du commerce extérieur français derrière l’aéronautique. Le champagne fournit 22% de ces exportations. Radioscopie d’un succès mondial (à consommer avec modération).
Article rédigé par Pierre Magnan
France Télévisions
Publié Mis à jour
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Dégustation de champagne. (AFP)

Les quelque 34.000 hectares de champagne ont produit environ 323 millions de bouteilles. Une manne qui a permis de dégager un chiffre d’affaires de 4,4 milliards d’euros en 2011. 56% de la production est écoulée en France, tandis que les exportations en représentent 44%. Pour l’année 2012, les professionnels prévoient un recul de 3 à 4%, en raison de la crise mondiale. 

L’indice Champagne
Au vu des chiffres, le marché du champagne peut être considéré comme un bon baromètre de la situation économique mondiale. Les exportations de ce vin ont progressé régulièrement depuis les années 50, après la «période troublée de la première moitié du 20e siècle (peu) propice au développement commercial des marchés»: un doux euphémisme employé par le comité Champagne pour évoquer la période… Depuis cette date, les exportations progressent au rythme des chocs économiques (crise du pétrole, chocs de 2000 ou 2008) et de la géopolitique (ouverture de nouveaux pays comme la Chine).

En 2011, la production française a affiché sa 3e meilleure performance historique (4,4 milliards d’euros). Mais derrière ce beau résultat, la progression en volume de 1,1% est plus modérée. A côté d’un marché français qui stagne, les professionnels du champagne se félicitent de leurs ventes à l’étranger. Ces marchés ont affiché une croissance de près de 10% en volume et de 16,3% en valeur, absorbant 5,3 millions de bouteilles supplémentaires.

Bouteilles de champagne chez un caviste parisien. (PIERRE VERDY / AFP)

Pendant la crise, «les consommateurs de champagne ont adopté des comportements prudents et les perspectives incertaines pour l’année 2012 risquent de conforter cette attitude», note la profession. Loin du glamour des publicités de champagne, l’interprofession se lance dans l’analyse économique pour anticiper les résultats à venir : «Les économies avancées devront s’atteler à corriger les déséquilibres budgétaires à moyen terme tout en confirmant leur reprise économique, tandis que les économies émergentes devront faire face à la modération de la croissance intérieure et au ralentissement de la demande des pays avancés.» En clair, les ventes de champagne risquent de pâtir des politiques d'austérité.

L’Union européenne absorbe 56% des exportations
Si la France affiche la première consommation mondiale de champagne (181,6 millions de bouteilles, 56,2% de la production en volume), le chiffre d'affaires du champagne est devenu très dépendant des exportations, en Europe notamment.

Avec 82,3 millions de bouteilles en 2011, ce marché représente 25,5% des expéditions totales (et 58% des exportations) de champagne en 2011. Sur ce marché, le client N°1, le Royaume-Uni (34,5 millions de bouteilles), recule de 44 à 41,9% des exportations vers l’Europe (mais avec un prix par bouteille en hausse). Dans ce marché européen rattrapé par la crise, la Suède apparaît comme un nouveau gros client.

Les professionnels du champagne restent en effet très attentifs aux chiffres de croissance pays par pays. «Si en 2011 le marché du champagne est resté stable, le contexte économique de 2012 sera certainement peu favorable à une croissance», notent ils sobrement à propos de l’Espagne, tandis qu’ils se félicitent de la hausse du franc suisse qui a permis une baisse de 3% du prix moyen de la bouteille sur le marché helvète (5,7 millions de bouteilles par an).
Boutique de vins en Australie. (WILLIAM WEST / AFP)

Développement mondial
Entre une consommation française stagnante et une Europe en prise à une crise économique, le reste du marché mondial apparaît comme une source de développement pour le champagne tricolore. «Ces marchés ont en effet généré près de la moitié de la croissance du champagne en valeur. Ainsi, la part de marché de ces pays atteint près de 23% du chiffre d’affaires total, soit un niveau supérieur à 2007». Pour les professionnels du champagne, «cette situation s’explique en partie par des taux de change plus favorables en 2011, mais aussi par la poursuite de la bonne progression des cuvées de prestige et des vins rosés qui génèrent 32% de la croissance du chiffre d’affaires à l’export». En clair, ces pays sont friands des champagnes haut de gamme (millésimés, rosés...) vendus à des prix plus élevés.

Les expéditions vers les pays tiers (nom que donne l’interprofession du champagne aux pays qui ne sont ni l’Europe, ni la France) connaissent une croissance dynamique (+9,8%). «Ce sont les premiers contributeurs de la croissance champenoise grâce à 5,3 millions de bouteilles supplémentaires expédiées». Sur ces marchés tiers, les ventes sont tirées par les Etats-Unis (19,4 millions de bouteilles) et l’Australie (4,9 millions). Le Japon a vu sa consommation progresser, malgré le tremblement de terre.
 
Preuve du dynamisme des dragons d’Asie «des pays comme Singapour et Hong-Kong atteignent chacun près de 1,5 million de bouteilles et sont en croissance respectivement de 20,2% et 15,1%», notent avec bonheur les producteurs français. Russie et Chine dépassent le million de bouteilles tout comme… les Emirats Arabes Unis (avec seulement 8 millions d’habitants), affichant des progressions de près de 20%. Comme quoi la France sait exporter.

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