Le gouvernement de transition tunisien a décrété jeudi un deuil national de trois jours, qui a débuté vendredi
Ce deuil "en mémoire des victimes des récents événements" a été annoncé par le porte-parole du gouvernement Taieb Baccouche à l'issue du premier Conseil des ministres de l'après-Ben Ali.
Plus de cent personnes ont été tuées dans des violences en Tunisie au cours des cinq dernières semaines, selon des informations compilées par l'Onu sur place.
Le ministère des affaires religieuses a appelé les imams prédicateurs de toutes les mosquées du pays "à effectuer la prière de l'Absent, après la prière du vendredi, à la mémoire des martyrs de la révolution du peuple tunisien". La parole des imams pourrait se libérer pour la première fois, à l'occasion du prêche hebdomadaire, autrefois placé sous étroite surveillance policière.
Le gouvernement tunisien de transition a aussi adopté jeudi un projet de loi d'amnistie générale. Cette amnistie, si elle est votée, concernera aussi les islamistes du parti interdit Ennahdha.
Par ailleurs, l'exécutif provisoire a décidé que l'Etat allait prendre possession des "biens mobiliers et immobiliers du RCD (Rassemblement constitutionnel démocratique)", le parti du président déchu Ben Ali. Plus tôt, tous les ministres du gouvernement de transition membres du RCD ont démissionné de cette formation.
Le Rassemblement constitutionnel démocratique, parti complice de l'ancien pouvoir contesté quotidiennement dans la rue depuis lundi en Tunisie, a dissous jeudi son bureau politique en raison d'une vague de défection ces dernières heures.
Le président par intérim Foued Mebazaa et le Premier ministre Mohammed Ghannouchi avaient déjà annoncé ces derniers jours leur démission de ce parti qui a dominé la vie politique en Tunisie pendant les 23 ans de règne sans partage du président Zine El Abidine Ben Ali.
En annonçant la dissolution de son bureau politique, qui est son instance suprême, le RCD a appelé jeudi ses militants à "continuer à renforcer la solidarité entre les membres du peuple tunisien (...) et à travailler pour construire une nouvelle démocratie qui n'exclut personne".
Des milliers de et le départ du RCD.
Quatre ministres de l'opposition protestent
Face à ce qui est perçu comme la mainmise prolongée sur les affaires du pays de dirigeants désavoués par le soulèvement populaire, quatre ministres de l'opposition, dont trois représentants de la puissante centrale syndicale UGTT, avaient déjà annoncé qu'ils se retiraient du nouveau gouvernement. "Il nous est impossible de participer à un gouvernement qui intègre des symboles de l'ancien régime", a répété mercredi le secrétaire général de la centrale, Abdessalem Jrad.
Les promesses de "rupture" du président par intérim
Mercredi, le président par intérim Foued Mebazaa s'est engagé, dans une allocution télévisée, "à ce que le gouvernement de transition conduise une rupture totale avec le passé". "Je m'engage auprès de vous à déployer tous les efforts et à utiliser toutes mes prérogatives pour que le pays traverse cette phase difficile et qu'on aboutisse à ce que toutes les aspirations légitimes du soulèvement soient satisfaites et que se réalise cette révolution de la liberté et de la dignité", a-t-il ajouté.
Foued Mebazaa assure l'intérim de la présidence tunisienne depuis samedi, au lendemain de la fuite de l'ex-dictateur Zine El Abidine Ben Ali en Arabie Saoudite après un mois de révolte populaire sans précédent. "Ce gouvernement va procéder à la séparation entre l'Etat et le parti", a-t-il promis, en référence au Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), le parti-Etat de l'ex-président Ben Ali symbole de corruption et de répression dont des manifestants exigent chaque jour depuis vendredi le bannissement de la vie politique.
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