Le gouvernement recommande à "tous les Français qui le peuvent de quitter provisoirement la Côte d'Ivoire"
"Nous réitérons notre conseil consistant à différer les projets de voyage vers la Côte d'Ivoire", a indiqué François Baroin "bien que les étrangers ne sont pas menacés".
Les premiers Français arrivés à Paris ont déclaré ne pas être vraiment inquiets pour leur sécurité sur place.
"Il n'y a aucun geste de menace à l'endroit des Français, mais un discours prévaut qui stigmatise la France", a expliqué à l'AFP Alain Schweitzer, un quinquagénaire travaillant dans l'import-export à Abidjan et tout juste débarqué d'un vol Air France qui a atterri jeudi à Roissy.
"On va y retourner", ajoute une binationale qui a préférérentrer en France pour les fêtes.
15.000 Français sont présents en Côte d'Ivoire. Environ 60% d'entre eux ont la double nationalité franco-ivoirienne et sur les quelques 6.000 autres, "quelque 1.500 Français sont partis depuis la fin du processus électoral", a indiqué l'ambassadeur de France en Côte d'Ivoire, Jean-Marc Simon, mercredi soir.
Uun navire ravitailleur de la marine néerlandaise sera au large de la Côte d'Ivoire en soutien aux bateaux français aux environs de la fin de l'année. C'est ce qu'a annoncé vendredi le le ministère néerlandais de la Défense.
Ce navire doit acheminer principalement des vivres et du carburant aux navires français dont la mission ne peut pas être précisée, a ajouté Marloes Visser, la porte-parole du ministère de la Défense néerlandais.
Manifestations anti-Gbagbo
Plus d'une centaine de femmes ont manifesté mercredi à Port-Bouet, quartier populaire d'Abidjan, contre les "fouilles" et "les enlèvements nocturnes" commis selon elles par des hommes armés fidèles à Laurent Gbagbo, a constaté un photographe de l'AFP.
Mme N'Goné Diop, l'une des organisatrices s'est indignée: "Nous les femmes, nous sommes fatiguées de voir nos enfants et nos hommes enlevés ou tués chaque nuit par des miliciens". Selon Mme Diop, les populations vivant dans le périmètre de l'abattoir sont victimes chaque nuit des agissements d'hommes en armes.
A Bouaké (centre), fief de l'opposition appuyant Alassane Ouattara, plusieurs centaines de personnes ont manifesté en faveur du mantien de la force de l'ONU. "On veut l'ONU", "ONU, débarrasse-nous de Gbagbo", "on veut déloger Gbagbo", "On veut installer ADO", surnom d'Alassane Dramane Ouattara, scandaient notamment les manifestants qui ont marché du rond-point de la cathédrale, dans le centre-ville, au bureau local de la mission onusienne, à la sortie sud.
Gbabgo persiste et signe
Laurent Gbagbo a réaffirmé mercredi qu'il "résistait" aux pressions internationales lui demandant de céder le pouvoir à son rival Alassane Ouattara, évoquant une "lutte indispensable" pour libérer l'Afrique. "Nous sommes forts, nous résistons, nous sommes courageux", a déclaré Laurent Gbagbo à l'occasion d'une rencontre avec plusieurs responsables de mouvements de jeunes d'Afrique venus lui apporter "leur soutien".
A Abidjan, Laurent Gbagbo a réaffirmé mardi soir qu'il était le "président" du pays. Il s'est dit toutefois prêt à discuter avec son rival Alassane Ouattara et la communauté internationale qui soutient ce dernier, pour sortir d'une crise qui a fait au moins 50 morts selon l'ONU.
"Je suis le président de la République de Côte d'Ivoire", a déclaré le dirigeant battu à la dernière élection présidentielle dans son premier discours depuis son investiture le 4 décembre. Le discours était diffusé sur la radio-télévision d'Etat RTI, pilier de son régime.
Sous très forte pression de la communauté internationale qui réclame sans relâche son départ depuis la présidentielle controversée du 28 novembre, il a accusé le camp Ouattara et ses nombreux soutiens extérieurs de lui "faire la guerre".
Laurent Gbagbo "continue de ruser avec le monde" en proposant d'ouvrir un dialogue et il "doit partir", a répliqué une porte-parole d'Alassane Ouattara.
Gbagbo prêt à accueillir un comité d'évaluation sur la crise post-électorale"
"Je ne veux pas que le sang d'un seul Ivoirien soit versé. Je ne veux pas d'une guerre en Côte d'Ivoire qui peut s'étendre aux pays voisins ou les affaiblir", a cependant affirmé Laurent Gbagbo. Il s'est dit disposé à "accueillir un comité d'évaluation sur la crise post-électorale" qui "aura pour mission d'analyser objectivement les faits et le processus électoral, pour un règlement pacifique de la crise".
Ce comité serait "dirigé par un représentant de l'Union africaine" et comprendrait des représentants de l'ONU, de la CEDEAO (Communauté économique des Etats d'Afrique de l'ouest), des Etats-Unis, de l'Union européenne, de la Russie, de la Ligue arabe et de la Chine ainsi que "des Ivoiriens de bonne volonté". "Je tends la main du dialogue. Je tends la main à l'opposition, à M. Ouattara et à la rébellion armée (Forces nouvelles, FN) qui le soutient", a-t-il lancé.
Il les a exhortés à quitter l'hôtel du Golf d'Abidjan, qui leur sert de quartier général, pour "regagner leurs domiciles", alors que l'établissement est soumis à un blocus des forces fidèles à Gbagbo depuis plusieurs jours.
En signe de détente avant Noël, l'armée loyale au président sortant a annoncé la levée dès ce mardi du couvre-feu nocturne instauré à la veille du scrutin.
Gbago continue de ruser, rétorque le gouvernement Ouattara
Laurent Gbagbo "continue de ruser avec le monde" et de le "défier", a déclaré Anne Ouloto, l'une des porte-parole de son rival Alassane Ouattara.
La proposition d'un "comité d'évaluation" international pour sortir de la crise "ne peut pas être une vraie offre de dialogue", a-t-elle poursuivi. Laurent Gbagbo "dit avec force qu'il est encore le président de la République de Côte d'Ivoire, ce qui est inacceptable", a-t-elle dit. "Il s'agit pour Laurent Gbagbo de reconnaître le verdict des urnes et de partir, tout simplement", a-t-elle insisté.
Alors que M. Gbagbo a appelé le camp Ouattara à quitter l'hôtel où il est retranché depuis le début de la crise née de la présidentielle controversée du 28 novembre, la porte-parole a déclaré: "je ne crois pas que nous sortirons demain (mercredi) du Golf hôtel, parce que Laurent Gbagbo a 3000 miliciens qui continuent de sévir dans les quartiers".
Premières sanctions internationales
Les Etats-Unis ont imposé un premier train de sanctions contre le régime ivoirien en interdisant à M.Gbagbo et à une trentaine de ses proches de se rendre aux Etats-Unis.
L'Union européenne avait auparavant décidé de lui infliger personnellement la même sanction, ainsi qu'aux deux épouses et seize autres proches.
D'autre part, les financements de la Côte d'Ivoire par la Banque mondiale (BM) ont été gelés, a affirmé mercredi le président de la BM Robert Zoellick, devant la presse, à l'issue d'un entretien avec le président Nicolas Sarkozy à l'Elysée. La "stratégie de partenariat pays" de la Banque mondiale pour la Côte d'Ivoire prévoit environ 575 millions de dollars de financements pour la période 2009-2013, selon le site internet de l'institution.
Le camp Gbagbo se moque des sanctions
Le camp Gbagbo s'est moqué de sanctions qui font "sourire", de même qu'il n'entend pas revenir sur sa demande de retrait de Côte d'Ivoire de la mission de l'ONU (Onuci) dont le mandat a été prolongé de six mois par le Conseil de sécurité, ainsi que de la force française Licorne.
Alors qu'une confrontation entre forces pro-Gbagbo et Onuci est redoutée à la suite d'incidents, Gbagbo a assuré mardi soir qu'il entendait obtenir gain de cause "par voie diplomatique" et appelé les jeunes à "rester calmes".
Charles Blé Goudé, leader des "jeunes patriotes" pro-Gbagbo, fer de lance des violentes manifestations anti-françaises de 2004 à Abidjan, ne cesse pourtant de mobiliser ses partisans pour le combat pour "la souveraineté de la Côte d'Ivoire".
Les violences depuis la marche de jeudi des partisans de Ouattara, réprimée par les forces de sécurité fidèles à Gbagbo, ont fait au moins 50 morts selon l'ONU, 25 dont 14 dans le rang des FDS d'après le camp Gbagbo, 48 selon le camp Ouattara.
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