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Le pape François en Turquie auprès des chrétiens d'Orient

Dans ce pays musulman ou les chrétiens ne sont plus que quelques dizaines de milliers, le pape doit lancer un plaidoyer pour la paix et la coexistence entre religions. Mais c’est un vrai soutien qu’attendent les chrétiens d’Orient, particulièrement les réfugiés venus de Syrie et d’Irak pour fuir l’avancée de Daech.
Article rédigé par Yves Izard
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (L'église Saint-Antoine d'Istanbul, où le pape est attendu ce vendredi © RF/Yves Izard)

La Turquie est un pays musulman à 98%  pays laïque, certes,  mais on y compte 75 millions de musulmans et 80.000 chrétiens. Istanbul garde cependant quelque chose de Constantinople et reste le siège de deux patriarcats très anciens et prestigieux, le grec et l’arménien.

Mais voilà : ces dernières années une culture de la Mésopotamie s’est installée peu à peu à Istanbul avec des milliers et des milliers de réfugiés venus de Syrie et d’Irak. Le père François Yakan qui est vicaire patriarcal des Assyro-Chaldéens de Turquie, les voit défiler tous les jours. Les Assyro-Chaldéens, ce sont les premiers chrétiens d’Orient. 

Que la Méditerranée ne devienne pas un cimetière de réfugiés

Avec son association Kader, il a habillé 561 personnes le mois dernier. "Quand vous voyez quelqu’un qui vient de Mossoul avec sa seule chemise  et qui arrive à Istanbul , il faut l’aider. Et pour tous ces réfugiés  la visite du pape est une bénédiction ". Ils se sentent protégés avec la venue du pape François : "Voilà quelqu’un qui défend nos droits,  qui demande que la Méditerranée ne devienne pas un cimetière pour les réfugiés ".

Le pape comme un espoir

Et ce sont ces réfugiés qui vont chanter pour le pape samedi soir. Ils sont une trentaine à répéter à l’église, comme à l’archevêché. Comme Daliah, qui voit dans cette occasion inespérée comme un éclair de lumière dans sa vie brisée. Elle a dû quitter le nord de l’Irak en août à cause des attaques de Daech : "J’ai tout laissé, mes parents, ma vie, mon travail ", dit-elle, "mais je suis jeune. Et le pape va nous voir directement, pas à la télé, c’est un message d’espoir ".

  (Une chorale de réfugiés qui répète avant d'accueillir le pape © RF/Yves Izard)
 

Un message de paix pour ce Moyen-Orient à feu et à sang, c’est evidement ce qu’on attend du pape. Ce sera peut-être plus difficile d’avancer sur le dialogue inter-religieux , qui est compliqué en Turquie, et ce bien avant l’arrivée de l’islamo-conservateur Erdogan, regrette le politologue Cengiz Aktar : ici les chrétiens, plus généralement les non-musulmans ne peuvent pas occuper de poste important, comme fonctionnaire, ou député à l’Assemblée. Mais la tonalité du voyage sera oecuménique insiste le Vatican, c’est le patriarche Bartholome qui invite le pape. Ils se connaissent bien et s’étaient revus en Terre Sainte en  mai dernier. On comprend pourquoi , comme l’Eglise catholique Saint-Antoine sur la grande rue piétonne Istiklal, toutes les églises d’Istanbul sont en fête.

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