Les généraux ont placé dimanche l'ancien juge Tarek al Bichri à la tête du comité chargé de réformer la Constitution
Le Conseil suprême des forces armées, qui a pris la tête du pays vendredi, a annoncé mardi la création de cette comission qui devra achever son travail dans les 10 jours.
Désormais suspendue, la Constitution comportait diverses dispositions empêchant de facto tout candidat non issu du Parti national démocrate au pouvoir d'accéder à la présidence.
Les manifestants, qui ont obtenu le départ d'Hosni Moubarak après cinq mandats de six ans, exigent que les élections présidentielles soient désormais libres et équitables et ils réclament une limitation du nombre de mandats présidentiels. Ils exigent aussi la surveillance des scrutins par des observateurs indépendants.
D'après les jeunes représentants du mouvement de contestation, le conseil suprême des forces armées leur a déclaré que les amendements constitutionnels pourraient être rédigés rapidement et soumis à référendum dans un délai de deux mois. De source militaire, on a déclaré qu'il ne s'agissait que d'un "calendrier général".
La commission de révision de la Constitutionelle, composée de huit membres, est présidée par Tarek el-Bechri, ancien président du Conseil d'Etat et personnalité très respectée. Elle compte
un avocat et ex-député des Frères musulmans, Sobhi Saleh.
La commission, nommée par l'armée, est chargée de proposer des amendements à cinq articles, dont ceux portant sur les conditions très restrictives de candidature à la présidentielle. Selon l'armée, la commission peut aussi proposer des modifications à d'autres articles pour "garantir le caractère démocratique et la transparence des élections présidentielle et législatives".
Une association de défense des droits des Coptes a cependant critiqué mardi la composition de cette commission, nommée par l'armée, estimant que les chrétiens d'Egypte n'y étaient pas représentés, au contraire des Frères musulmans. Dans le même temps, ceux-ci, officiellement interdits en Egypte mais tolérés dans les faits, ont annoncé qu'ils comptaient créer un parti politique.
L'Egypte demande le gel des avoirs de plusieurs responsables égyptiens
Paris a été saisi par les autorités égyptiennes "d'une requête de gel des avoirs d'anciens responsables égyptiens", a déclaré lundi le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, M. Bernard Valero qui a précisé que la demande "ne concernait ni l'ancien président Hosni Moubarak ni des membres de sa famille".
La même demande a été faite par le gouvernement égyptien à l'Angleterre, l'Allemagne et aux Etats-Unis. Aucune des capitales n'a détaillé dans l'immédiat le montant des avoirs concernés ni les personnalités visées.
La Suisse a, elle, décidé dès vendredi de geler "avec effet immédiat" les avoirs que pourraient y détenir M. Moubarak et son entourage.
Par ailleurs, l'UE discutera de l'aide aux pays de la rive sud de la Méditerranée. Il faut "voir comment on peut ensemble soutenir ce mouvement démocratique qui est en train de s'installer dans ces pays", a déclaré la ministre française de l'Economie Christine Lagarde.
L'armée appelle au retour au travail
2.000 personnes se sont rassemblées lundi sur la place Tahrir au centre du Caire, interrompant le trafic quelques heures après l'évacuation de la zone par la police militaire et l'armée.
L'armée a appelé citoyens et syndicats à cesser les grèves, au moment où les mouvements sociaux prenaient de l'ampleur en vue d'une revalorisation des salaires et des conditions de travail
Le conseil suprême des forces armées "appelle les citoyens et les syndicats professionnels et ouvriers à assumer leur rôle de la meilleure manière". "Nous espérons que tout le monde préparera le climat favorable à la gestion des affaires du pays en cette période délicate jusqu'à ce qu'elles soient remises au pouvoir civil légitime et élu par le peuple", a poursuivi le conseil dans un communiqué lu par un militaire à la télévision d'Etat.
Une période de transition
Dimanche, le Conseil suprême des forces armées a annoncé la suspension de la Constitution et la dissolution du Parlement. Les militaires, auxquels le président Hosni Moubarak a confié les rênes du pays en démissionnant vendredi, précisent qu'ils resteront au pouvoir pour une durée de 6 mois ou jusqu'aux prochaines élections législatives.
Ils ont annoncé la redéfinition du rôle d'Omar Souleimane dont les fonctions sont devenues incertaines depuis le départ de Moubarak.
Omar Souleimane, qui dirigeait le renseignement militaire, a été nommé au poste de vice-président par Hosni Moubarak dans les tout premiers jours de la contestation. Mais en démissionnant, le raïs a confié le pouvoir au conseil suprême des forces armées, et le plus grand flou entoure les prérogatives de Souleimane.
Le Conseil suprême des forces armées a réaffirmé samedi son attachement à la démocratie et son engagement à respecter les traités internationaux, y compris le traité de paix avec Israël.
Dans le même temps, il a insisté sur le fait que le rétablissement de la sécurité figurait parmi ses priorités. Le conseil militaire ajoute encore que son chef, le maréchal Mohamed Hussein Tantaoui, représentera l'Egypte à l'étranger.
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