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Mali : le capitaine Sanogo, responsable du coup d'Etat de 2012, est promu général

Considéré comme le principal responsable du coup d'Etat du 22 mars 2012, le capitaine malien Amadou Sanogo vient d'être élevé au grade de général de corps d'armée. Il y a quelques semaines, il avait demandé pardon, espérant ainsi ne pas être mis de côté par les candidats à la présidentielle, très critiques envers le putsch. 
Article rédigé par Lucas Roxo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (Reuters)

Pendant longtemps, Amadou Sanogo ignorait de quoi son avenir serait fait. Principal responsable du coup d'Etat du 22 mars 2012, le capitaine attendait avec impatience le résultat de l'élection présidentielle.

Dans le collimateur de Soumaïla Cissé, qui avait appelé la population malienne à se dresser sur le chemin des putschistes, Sanogo semblait en mesure de bénéficier de la clémence d'Ibrahim Boubacar Keïta, alias IBK, dont les idées sont plus proches des siennes. 

Des deux candidats, c'est donc ce dernier qui est devenu président de la République du Mali, à la grande satisfaction d'Amadou Sanogo. 

De capitaine à général

En effet, seulement trois jours après le scrutin, le capitaine de 41 ans des "bérets verts ", le nom donné à ses partisans, a été élevé au grade de général de corps d'armée. Sans doute pour permettre une telle promotion, il s'était au préalable excusé pour le coup d'Etat, en juin dernier.

"Aujourd'hui (mercredi), le Conseil des ministres a validé la nomination du capitaine Amadou Sanogo, au grade de général de corps d'armée, l'information est officielle ", a indiqué à l'AFP le porte-parole du ministère malien de la Défense, Diarran Koné.

En mars 2012, il était à l'origine du coup d'Etat qui avait renversé le président élu Amadou Toumani Touré. Il avait alors critiqué l'incapacité d'un Etat corrompu à lutter contre la montée des périls dans le nord du Mali, comme les groupes jihadistes et criminels, ou la rébellion Touareg. 

Il reste populaire au Mali

Il s'était par la suite emparé du pouvoir en devenant président du CNRDRE (Comité national pour le redressement de la démocratie et la restauration de l'Etat), pour suspendre la Constitution malienne, avant de finalement la rétablir en avril 2012, rendant ainsi le pouvoir aux civils. Selon la constitution, Dioncounda Traoré, président de l'Assemblée nationale, était donc devenu président par intérim. 

Le capitaine Sanogo, qui gardait une capacité de nuisance à Bamako où ses hommes ont arrêté et brutalisé de nombreuses personnalités politiques, des journalistes et des militaires opposés à eux, avait été installé en février dernier à la tête d'une structure chargée de réformer l'armée malienne qui avait été laminée dans le Nord. 

Vers une réconciliation de l'armée? 

Lors de son discours d'excuses, fin juin, il avait demandé "pardon à la communauté malienne ", actant ainsi la réconciliation entre militaires maliens. Ceux-ci étaient divisés entre deux brigades, les "bérets rouges ", parachutistes et soutenant l'ancien président Amadou Toumani Touré (Sanogo les a accusé d'avoir tenté de faire un contre-coup d'Etat) et les "bérets verts ", soutien du capitaine Sanogo. 

Le geste fait par le nouveau président Ibrahim Boubacar Keita laisse présager la poursuite de cette réconciliation, même s'il faudra quelques temps avant d'en savoir plus sur le nouveau rôle et les nouvelles intentions du capitaine Sanogo. 

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