Menacés de mort, des Mexicains fuient leurs villages à la frontière entre le Mexique et les Etats-Unis
Plusieurs villages mexicains se vident ainsi de leurs habitants, menacés par des groupes armés, sans doute de trafiquants de drogue, qui leur demandent de partir et qui ont déjà incendié des maisons et une église.
A l'échelle nationale, la guerre des cartels de la drogue a fait 15.000 morts au Mexique depuis fin 2006.
"Presque la moitié du village est parti", raconte à l'AFP un paysan d'El Porvenir âgé de 60 ans, qui a requis l'anonymat. Ce village est situé à environ 70 km au sud-est de Ciudad Juarez, une ville de 1,3 million d'habitants où plus de 2.600 personnes ont été victimes d'homicides attribués aux narcotrafiquants l'an dernier.
Des inconnus ont brûlé une petite église catholique d'El Porvenir début avril, à l'expiration d'un ultimatum de 15 jours fixé par des hommes armés. "Des messages avaient été laissés dans des lieux publics, des ponts, des écoles, dans l'hôpital. Tous disaient que nous devions nous en aller avant le 4 avril ou en subir les conséquences", ajoute le paysan.
Une femme âgée de 80 ans raconte que les habitants restés au village sont sans protection, depuis que plusieurs policiers municipaux ont été tués et que les autres ont démissionné ou fui.
Ces dernières semaines, d'autres villages de l'Etat de Chihuahua (Praxedes, Guadalupe Bravos, Loma Blanca, La Esperanza), près de la frontière avec les Etats-Unis, ont été la cible de menaces similaires. Dans ces localités de la vallée de Juarez, 80 personnes ont été assassinées, selon un rapport du parquet. Plusieurs maisons ont été brûlées et la mairie de Guadalupe Bravos a été criblée de balles.
Plus au sud, dans l'Etat voisin de Sonora, un commando de 80 tueurs à gages a semé la terreur jeudi soir dans le village de Maycoba, tuant un homme, pillant des magasins et demandant aux gens de partir, a indiqué vendredi le maire Pedro Valenzuela.
Ces violences dans des zones isolées interviennent alors que 5000 policiers fédéraux ont pris le contrôle des opérations de sécurité à Ciudad Juarez, où les militaires ont été incapables d'arrêter la guerre des cartels ces deux dernières années. Les narcotrafiquants se disputent le contrôle du marché local et du trafic vers les Etats-Unis, premier client mondial de la cocaïne.
Un journaliste enlevé et assassiné
Le cadavre d'un journaliste tué à coups de couteau a été découvert samedi à l'aube dans une avenue de Morelia, dans l'ouest du Mexique.
Enrique Villicana Palomares avait été enlevé en début de semaine. Il était chroniqueur du quotidien La Voz de Michoacan, journaliste à la télévision et aussi enseignant à l'université.
Il est au moins le cinquième journaliste tué au Mexique en 2010, après onze au moins en 2009, selon l'ONG mexicaine Cencos. La majorité de ces crimes sont attribués aux cartels de la drogue.
Le Mexique est le troisième pays où on tue le plus de journalistes derrière les Philippines et l'Irak, selon un rapport de l'Unesco publié en mars.
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