Mexique : le siège d'un gouvernement d'Etat incendié par des étudiants
L'affaire illustre le climat de violence qui règne au Mexique. Plusieurs centaines d'étudiants et d'enseignants de l'école normale d'Ayotzinapa, furieux, ont en partie détruit le siège du gouvernement de l'Etat de Guerrero, à Chilpancingo, dans le sud du pays. Ils ont fait irruption dans le bâtiment pendant la nuit, ont brisé les vitres et mis le feu, puis réclamé la démission du gouverneur, Angel Aguirre, avant de laisser les pompiers intervenir.
Sanglante offensive de la police
Ils réclament que la lumière soit faite sur la disparition de 43 des leurs, il y a deux semaines, le 26 septembre, dans la région d'Iguala, à 100 km de la capitale régionale. L'affaire a soulevé une vague d'indignation internationale. Les étudiants avaient organisé une manifestation et voulaient recueillir des fonds. Leur action a pris la forme d'un détournement de trois bus de transports publics. La police locale a répliqué par une véritable offensive, appuyée par des hommes armés, visiblement membres d'un cartel qui infeste la région. Six personnes ont été tuées, 25 ont été blessées et 43 ont disparu. Des témoins affirment avoir vu des policiers emmener des dizaines d'étudiants.
Or des fosses communes clandestines ont été retrouvées dans le secteur. 28 corps, la plupart calcinés, ont été sortis de terre. Les autorités enquêtent pour savoir s'il s'agit d'étudiants disparus. 34 personnes ont été arrêtées, dont 26 policiers accusés de collusion avec le crime organisé. Le maire d'Iguala et son épouse, recherchés pour être interrogés, sont actuellement en fuite.
Amputations à la machette
Le secteur montagneux d'Iguala est le théâtre de scènes de violences récurrentes, liées aux cartels. Des corps y sont régulièrement découverts, tués avec une telle sauvagerie que les familles qui signalent des disparitions ne sont même plus invitées à venir tenter de les identifier. Les habitants racontent entendre des cris qui proviennent des cavernes et assurent que les mafieux y pratiquent des amputations à la machette. Les fusillades sont régulières. Depuis le début de l'année, 81 corps ont été découverts dans le secteur.
Au total, 80.000 personnes sont mortes depuis le début de la guerre contre les narcotrafiquants en 2006. 20.000 autres sont portées disparues.
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