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Jordanie: le retour des islamistes aux législatives
4,1 millions d'électeurs jordaniens, sur une population de 6,6 millions d'habitants, étaient appelés à élire leurs 130 députés parmi 1.252 candidats, mardi 20 septembre. Deux enjeux dans cette élection pour un parlement doté de peu de pouvoirs : le taux de participation et le score que réaliseront les candidats du «Front de l’action islamique», vitrine des Frères musulmans.
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Bordé de pays en guerre (Syrie et Irak), le royaume jordanien est un des rares pays de la région politiquement stable. Si le pays a connu des tensions sociales et politiques il y a quelques années, la situation s'est stabilisée, malgré une conjoncture économique délicate.
C'est dans ce contexte que se tiennent les élections législatives pour un Parlement aux pouvoirs limités. Résultat, les élections ne semblent guère passionner. «Malgré leur grande visibilité et une nouvelle transparence promise par une réforme du scrutin, les élections législatives de ce mardi ne mobilisent pas l’opinion», constate l’envoyée spéciale de Libération Hala Kodmani.
Dans ce Parlement traditionnellement dominé par des proches du pouvoir, le seul enjeu est de savoir si les islamistes, qui avaient boycotté les deux précédents scrutins (2010 et 2013), vont faire une percée. Leur parti présente 120 candidats et pourrait obtenir une vingtaine d’élus, selon les observateurs, confortant leur statut d’opposants N°1 du régime.
Les Frères musulmans traversent cependant une passe délicate, affaiblis par des divisions internes et une répression des autorités qui ont fermé plusieurs de leurs bureaux dans le pays. Tolérée pendant des décennies, la confrérie entretient des relations tendues avec le pouvoir depuis les révoltes du Printemps arabe de 2011. Elle est, en tant qu’association, considérée comme illégale.
«Tout ce que nous voulons, ce sont des élections crédibles qui traduisent la réelle volonté du peuple, indépendamment des résultats ou du degré de représentation que nous aurons au Parlement», a déclaré à l’AFP Zaki Bani Irsheid, l’un de principaux dirigeants de la confrérie.
Réforme électorale
Les autorités ont lâché du lest en amendant la loi électorale pour permettre aux partis politiques de présenter des listes et rompre ainsi avec le système de «voix unique» qui avantageait les candidats des tribus, acquis au pouvoir. Pour la première fois, ces élections à un tour se déroulent en partie à la proportionnelle. Reste que le Parlement ne nomme pas le gouvernement qui dépend donc du pouvoir royal.
Résultat: cette demi-réforme ne semble pas suffire à mobiliser les Jordaniens. «Je crains qu'il y ait un réel problème de confiance parmi les électeurs , notait l'analyste jordanien Osama al- Sharif dans le Washington Post, «S'il y a une faible participation, cela enverra un message clair au régime: "Les gens en ont marre de la rhétorique de la réforme"», ajoutait il.
Il est vrai que les modifications des règles électorales à chaque scrutin pèsent sur la participation. Dans ce pays essentiellement musulman, la loi oblige à l'élection d'au moins 15 sièges à des femmes (il y a 255 candidates en tout) neuf pour la minorité chrétienne, trois pour les communautés circassienne et tchéchène.
A l'issue des élections, il sera sans doute difficile de lire la popularité du régime qui doit faire face à une croissance modérée et un chômage officiellement à 14% (mais 22-30% selon des estimations indépendantes).
A défaut de gagner une véritable démocratie, les Jordaniens ont obtenu grâce à ces élections un jour férié. Pour officiellement aller voter.
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